L’hypothyroïdie chez le chien

hypothyroïdie du chien

L’hypothyroïdie est la maladie hormonale la plus courante chez le chien.

Elle provoque des symptômes variés et variables d’un chien à l’autre si bien qu’elle n’est pas toujours facile à diagnostiquer. On vous explique ce qu’est l’hypothyroïdie et comment elle se soigne chez le chien.

Qu’est-ce que l’hypothyroïdie ?

L’hypothyroïdie est une maladie endocrinienne due à un taux d’hormones thyroïdiennes trop bas dans le sang.

Ces hormones sont fabriquées par la thyroïde, une glande endocrine située dans le cou. Il en existe deux types : la T4 ou thyroxine et la T3 ou triiodothyronine.

C’est en réalité la T3 qui est l’hormone pleinement active. Elle est fabriquée à partir de la T4. Son action est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme tout entier car elle intervient dans de nombreux métabolismes : croissance, régulation de la température corporelle, maturation du système nerveux central, métabolisme des nutriments etc. La T4 n’est pas seulement le précurseur de la T3 : elle joue entre autres un rôle dans la libération de sérotonine dans le cerveau. Ce neurotransmetteur est notamment impliqué dans la régulation de l’humeur.

Lorsque les taux sanguins d’hormones thyroïdiennes diminuent, l’hypophyse, une autre glande située à la base du cerveau, stimule la thyroïde via la sécrétion d’une hormone hypophysaire appelée la TSH ou thyréostimuline. L’hypophyse est elle-même stimulée par la TRH ou hormone thyréotrope, synthétisée par l’hypothalamus, une autre glande située dans le cerveau. A l’inverse, lorsque les concentrations sanguines de T3 et T4 sont suffisantes, elles font diminuer les quantités de TRH et de TSH sécrétées. Ces mécanismes de régulation permettent physiologiquement d’adapter les quantités d’hormones thyroïdiennes fabriquées par la thyroïde en fonction des besoins de l’organisme.

Les rôles cruciaux de la T3 et de la T4 expliquent donc qu’une baisse de leurs concentrations sanguines en cas d’hypothyroïdie, on observe de nombreux dérèglements physiques et comportementaux. L’hypothyroïdie est en effet une maladie systémique, qui touche l’ensemble des organes.

Différentes formes d’hypothyroïdie chez le chien

Il existe plusieurs formes d’hypothyroïdie, en fonction de leur origine :

L’hypothyroïdie primaire

L’hypothyroïdie primaire désigne un défaut de production d’hormones thyroïdiennes causé par un dysfonctionnement de la glande thyroïde.

Dans la plupart des cas, elle résulte de la destruction progressive de la glande thyroïde par les propres anticorps du chien. Cette forme d’hypothyroïdie auto-immune, également appelée thyroïdite lymphocytaire, est similaire à la thyroïdite de Hashimoto décrite chez l’Homme. La destruction de la glande se met en place progressivement chez le chien, en 1 à 3 ans, sans symptômes perceptibles avant que ceux de l’hypothyroïdie se manifestent. Malheureusement ces signes apparaissent lorsque la plus grande partie de la thyroïde est détruite de façon irréversible.

D’autres hypothyroïdies primaires sont dites idiopathiques : les cellules fonctionnelles de la tyroïde sont alors progressivement remplacées par des cellules graisseuses sans que la cause de cette atrophie soit réellement connue.

Enfin, il existe également des hypothyroïdies primaires congénitales, présentes dès la naissance.

Les hypothyroïdies secondaires et tertiaires

Les hypothyroïdies secondaires et tertiaires ne proviennent pas d’un dysfonctionnement de la thyroïde mais trouvent leurs causes dans un défaut de sécrétion de TSH par l’hypophyse (secondaire) ou de TRH par l’hypothalamus (tertiaire). Les causes peuvent être des malformations congénitales, la présence d’une tumeur ou bien encore une inhibition de la sécrétion d’hormone secondaire à une autres maladies. Les hypothyroïdies secondaires et tertiaires sont beaucoup plus rares chez le chien.

Les hypothyroïdies causées par des tumeurs de la thyroïde

Une hypothyroïdie peut également être consécutive à une tumeur de la thyroïde. Dans ce cas, la tumeur envahit et détruit les cellules thyroïdiennes responsables de la sécrétion d’hormones.

Les symptômes de l’hypothyroïdie chez le chien

Comme les hormones thyroïdiennes agissent sur de nombreux organes, les symptômes de l'hypothyroïdie sont nombreux, variés et variables d’un chien à l'autre. Ils sont à la fois d’ordre physique et comportementaux.

Les symptômes physiques de l’hypothyroïdie chez le chien

Les symptômes de l’hypothyroïdie sont communs à un ralentissement global du métabolisme du chien qui se manifestent par les signes cliniques suivants :

  • de la fatigue, une grande apathie et une tolérance à l’effort diminuée,
  • une prise de poids et cela, en dépit d’un appétit parfois diminué,
  • une modification de l’appétit à la baisse ou à la hausse,
  • des troubles digestifs comme des diarrhées ou des vomissements,
  • une baisse de la fertilité,
  • un ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie),
  • des boiteries et/ou des crampes,
  • des dépôts de cholestérol dans la cornée,
  • des problèmes de peau et un pelage clairsemé,

Certains chiens atteints d’hypothyroïdie peuvent ne présenter qu’une petite partie des symptômes évoqués ci-dessus.

Les chiots atteints d’hypothyroïdie congénitale présentent quant à eux des troubles du développement cérébral et de la croissance.

Les symptômes comportementaux de l’hypothyroïdie chez le chien

L’hypothyroïdie peut également être à l’origine de modifications comportementales chez le chien. Ainsi, un chien hypothyroïdien peut souffrir :

  • de dépression récalcitrante à tout traitement psychotrope,
  • de courtes périodes d’hyperactivité pendant lesquelles le chien est en état d’hypervigilance, à la fois excité et anxieux comme s’il était sur le qui-vive,
  • de phobies apparues sans explications, en réaction à des choses anodines de son quotidien,
  • d’agressivité, qui se manifeste surtout quand on souhaite le toucher ou lorsque l’on importune dans son lieu de repos.

Il est établi que certaines races présentent une prédisposition à l’hypothyroïdie comme le Golden retriever mais aujourd’hui la maladie touche de plus en plus de chiens, quelle que soit leur race. La maladie se manifeste habituellement entre l'âge de 3 à 8 ans et touche indifféremment les mâles et les femelles.

Le diagnostic de l’hypothyroïdie canine

Le diagnostic de l’hypothyroïdie n’est pas facile à établir pour plusieurs raisons :

  • les symptômes de l'hypothyroïdie sont souvent non spécifiques. En d’autres termes, ils pourraient être attribués à de nombreuses autres maladies. Ils sont en plus très variés et hétérogènes d’un chien malade à l’autre.
  • Les taux d’hormones thyroïdiennes sanguins sont très fluctuants au cours d’une même journée, ce qui peut fausser les résultats des examens sanguins pratiqués par le vétérinaire pour poser son diagnostic.

Le diagnostic d’une hypothyroïdie repose :

  • sur la réalisation d’une prise de sang dans laquelle on dose la T4, la TSH, et souvent le cholestérol. En cas d’hypothyroïdie, la T4 devrait être normale à basse, la TSH normale à élevée et le cholestérol élevé. Le grand nombre de résultats faux négatifs chez le chien ne permet pas toujours à la première prise de sang d’écarter l’hypothèse de l’hypothyroïdie avec certitude et explique qu’il est souvent nécessaire de pratiquer plusieurs analyses.
  • parfois sur des examens d’imagerie,
  • sur un constat thérapeutique. Le traitement de l’hypothyroïdie est dépourvu d’effets secondaires chez le chien. En cas de suspicion d’hypothyroïdie non confirmée par les analyses, le vétérinaire peut donc choisir d’administrer ce traitement au chien et d’observer, dans les deux à quatre semaines qui suivent, si ses symptômes s’atténuent.

Le traitement de l’hypothyroïdie du chien

Le traitement consiste à administrer des hormones thyroïdiennes de synthèse au chien malade.

La dose de médicament est calculée en fonction du poids du chien et adaptée par la suite en fonction de la réponse au traitement et des résultats des prises de sang de suivi.

Il doit être administré à vie, en une à deux prises par jour, de préférence un quart d’heure ou une demi-heure minimum avant le repas afin d’augmenter l’efficacité de son absorption.

La disparition des symptômes est longue et graduelle.

Même bien traitée et stabilisée, l’hypothyroïdie nécessite un suivi vétérinaire et des prises de sang régulières qui peut justifier la souscription d’une assurance santé.

Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.