L’insémination artificielle de la chienne

Insémination artificielle du chien
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Quand la nature ne fait pas bien les choses, il arrive que le vétérinaire ou l’éleveur lui donne un petit coup de main. Focus sur la technique d’insémination artificielle de la chienne…

Qu’est ce que l’insémination artificielle du chien ?

L'insémination artificielle est une technique d’assistance médicale à la reproduction qui fait intervenir l’humain quand l’accouplement naturel d’un chien et d’une chienne n’est pas possible ou pas souhaité. Elle consiste à recueillir le sperme du chien pour aller le déposer directement dans l’appareil reproducteur de la femelle en vue de la féconder.

Trois techniques d’insémination artificielle du chien coexistent :

  • l’insémination en semence fraîche,
  • l’insémination en semence réfrigérée,
  • l’insémination en semence congelée.

Quand a-t-on recours à l’insémination artificielle chez la chienne ?

Il peut être nécessaire d’avoir recours à l’insémination artificielle de la chienne quand :

  • le mâle est inexpérimenté ou manque de libido et ne parvient pas à saillir la femelle,
  • le mâle est physiquement incapable de monter sur la femelle, soit parce que sa race rend la saillie difficile (cas des Bassets Hound ou des Bouledogues Américains, par exemple) ou soit parce qu’il éprouve des douleurs orthopédiques au niveau de son dos ou de ses pattes arrière qui rendent « l’exercice » difficile.
  • la femelle ne se laisse pas saillir par le mâle en raison d’une mauvaise expérience passée, d’un caractère affirmé ou de douleurs,
  • il existe des difficultés/malformations anatomiques pour la saillie au niveau des appareils génitaux du mâle ou de la femelle (si toutefois les malformations ne sont pas héréditaires et ne contre-indiquent pas la reproduction),
  • le mâle est trop lourd pour monter sur la femelle (cas des races géantes),
  • les propriétaires ne souhaitent pas prendre le risque d’une saillie naturelle car ils redoutent une agression entre le mâle et la femelle, une fracture de l’os pénien si les chiens restent « collés » après la saillie etc.

Insémination chien : le déroulement

Déterminer le bon moment

Comme pour la saillie naturelle, une insémination artificielle doit se faire au moment de l’ovulation de la chienne. Ce moment peut être déterminé le plus précisément possible grâce à la réalisation de frottis vaginaux et des prélèvements sanguins permettant de doser la progestérone.

L’insémination en semence fraîche

L’insémination en semence fraîche peut être réalisée aussi bien par un éleveur expérimenté et formé à la méthode que par un vétérinaire. Si les chiens sont amenés chez le vétérinaire, il est recommandé de les transporter dans deux véhicules différents afin que le mâle n’éjacule pas dans la voiture avant de pratiquer l’insémination.

Le vétérinaire ou l’éleveur commence par réaliser le prélèvement de semence sur le chien à l’aide d’un cône de récolte en plastique souple relié à un tube de récolte. Une fois l’éjaculat recueilli, il est directement déposé dans le fond du vagin de la femelle à l’aide d’une sonde rigide. Après l’insémination, la femelle est ensuite maintenue avec les pattes arrière en l’air pendant une dizaine de minutes pour favoriser la montée de la semence dans son utérus. Elle devra ensuite être placée au calme ou être promenée pendant une dizaine de minutes en évitant qu’elle urine. Pour maximiser les chances de réussite, l’insémination peut être renouvelée dans les 24 à 48 heures après la première.

Il est également nécessaire de surveiller le mâle après le prélèvement de son sperme afin de s’assurer que le chien « recalotte », c’est-à-dire que son pénis rentre entièrement dans le fourreau.

Si la semence fraîche est de moindre qualité, il est possible de pratiquer une insémination intra-utérine par cathétérisme vaginal. La semence du mâle sera alors déposée directement dans l’utérus de la chienne à l’aide d’une sonde rigide et d’un spéculum. Cette technique ne peut bien évidemment être réalisée que par un vétérinaire dûment habilité. Elle peut nécessiter une sédation de la chienne si cette dernière est tendue ou agitée.

L’insémination en semence réfrigérée

Cette technique n’est réalisable que par un vétérinaire.

Elle consiste à prélever de la semence chez le mâle en vue de la conserver au frais pendant 2 à 4 jours en vue de la transporter pour aller inséminer une femelle plus éloignée géographiquement. Pour ce faire, le vétérinaire mélange sa fraction spermatique centrifugée à un produit dilueur dont le rôle est de protéger les spermatozoïdes de la réfrigération et des contaminations bactériennes.

La semence du chien à la loupe

L’éjaculat du chien peut être séparé en 3 phases : la phase pré-spermatique, la phase spermatique et la phase prostatique. Lors d’une insémination artificielle en semence fraîche, il est recommandé d’éviter d’utiliser la phase pré-spermatique qui peut être contaminée par de l’urine qui pourrait alors tuer les spermatozoïdes présents dans la phase spermatique. On ne conserve alors que la phase spermatique et éventuellement la phase prostatique qui permet d’obtenir un volume de semence suffisant. Dans l’insémination en semence réfrigérée, on ne retient que la phase spermatique.

Avec de la semence réfrigérée, l’insémination de la chienne doit être obligatoirement réalisée par un vétérinaire par la méthode intra-utérine. Généralement, la semence est préalablement réchauffée à 37°C quelques minutes avant son utilisation.

L’insémination en semence congelée

L’insémination peut également être réalisée à partir de semence congelée de chien dans de l’azote liquide au sein de structures vétérinaires spécialisées. La semence peut alors se conserver jusqu’à plusieurs dizaines d’années.

Là encore, la semence devra être placée directement dans l’utérus de la chienne.




Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.