L’alimentation de la chienne allaitante

L'alimentation de la chienne allaitante
©Oliver Keitel | Unsplash

Quels sont les besoins nutritionnels d’une chienne qui allaite ? Comment choisir ses croquettes ? Comment bien les doser ? Comment nourrir une chienne allaitante avec une ration ménagère ? Et sa supplémentation est-elle obligatoire ?

Les besoins nutritionnels de la chienne qui allaite

Pendant l’allaitement de ses petits, l’organisme de la chienne est mis à rude épreuve. Et pour cause, la production de lait est un processus qui lui demande davantage d’énergie qu’à l’accoutumée et qui mobilise énormément de protéines et de calcium, que son alimentation doit lui fournir en quantité suffisante pour permettre de couvrir à la fois ses besoins propres mais aussi ceux de ses chiots.

Une chienne qui allaite doit donc consommer une nourriture de qualité qui lui apporte ces nutriments et micronutriments dans des quantités suffisantes pour couvrir ses besoins accrus.

Comment nourrir une chienne qui allaite ?

Quelle alimentation choisir pour la chienne allaitante ?

Choisir de bonnes croquettes pour chiot

Le plus simple pour nourrir une chienne qui allaite est d’opter pour des croquettes pour chiot en croissance. En effet, les croquettes pour chiots contiennent tout ce qu’il faut pour couvrir les besoins nutritionnels des chiots mais aussi ceux de leur mère. Elles ont aussi la particularité d’être très énergétiques : il en suffit de faibles quantités pour apporter la quantité d’énergie nécessaire aux chiots et à leur mère.

Cependant, toutes les croquettes pour chiot ne se valent pas sur le marché des croquettes et ne sont pas de qualité équivalente. Loin de là ! En matière de croquettes pour chiots, il n’existe pas de norme de fabrication très précise mais seulement des minima en termes de valeurs nutritionnelles que les industriels sont censés respecter. En d’autres termes, il est nécessaire, pour vous assurer de la qualité de l’aliment que vous donnerez à vos animaux, de vous pencher un tant soit peu sur l’étiquetage des croquettes…

  • Des croquettes riches en (bonnes) protéines

Ce qui compte pour beaucoup dans la qualité de ces croquettes, c’est surtout la qualité et la quantité des protéines qu’elles renferment.

Pour estimer la qualité des protéines présente dans des croquettes, il faut donc s’intéresser au taux de phosphore qui figure dans les composants analytiques (ou à défaut, au taux de cendres des croquettes) et à la liste des ingrédients.

Dans les composants analytiques des croquettes, repérez le taux de phosphore : il doit être idéalement inférieur à 1,1%. Un taux supérieur signalerait qu’une grande quantité d’os dans les farines animales ou les sous-produits animaux utilisés – et donc de « mauvaises protéines » – a été utilisée pour fabriquer les croquettes. Attention, un taux de phosphore réduit peut aussi être retrouvé dans des croquettes riches en protéines…mais d’origine végétales apportées par des céréales ou des légumineuses, d’où l’intérêt de vérifier en parallèle la liste des ingrédients ! Les protéines végétales sont également de moindre qualité nutritionnelle pour le chiot et sa mère et peuvent être à l’origine de troubles digestifs ! Seul ombre au tableau : le taux de phosphore n'est pas une donnée légale que l'industriel est obligé d’afficher même si la plupart le font. A défaut du taux de phosphore, il est alors possible de s’intéresser au taux de cendres et de délaisser les croquettes qui ont un taux de cendres supérieur à 12%.

Pour couvrir le besoin accru en protéines des chiots et de leur mère qui les allaite, les croquettes doivent être suffisamment « concentrées » en protéines. Pour le savoir, on utilise une valeur qu’on appelle le rapport protido-calorique des croquettes (RPC) qui permet d’évaluer la concentration en protéines d’un aliment par rapport aux calories qu’il apporte.

Ne confondez pas !

Le rapport protido-calorique est différent du pourcentage de protéines de l’aliment qui figure sur les composants analytiques !

Le RPC peut :

  • soit être directement fourni par le fabricant des croquettes . C’est le cas des croquettes vendues en cabinet vétérinaire mais très rarement des croquettes vendues en animalerie ou en grande surface,
  • soit être estimé par calcul à partir des informations qui figurent sur l’étiquette des croquettes, dans la partie « composants analytiques ». Notre calculateur de RPC disponible ici vous permet de faire facilement ce calcul.

Ainsi, le RPC des croquettes pour chiot utilisées pour nourrir une chienne allaitante devrait toujours être au moins supérieur à 75 g de protéines pour 1000Kcal.

Notez bien !

Le rapport protido-calorique n’est qu’une valeur théorique qui renseigne sur la quantité de protéines présentes dans les croquettes mais il ne renseigne pas sur la qualité et la digestibilité de ces protéines. Ce n’est qu’un indicateur, ni plus, ni moins.

  • Des croquettes relativement pauvres en amidon

Normalement, vous aurez déjà sélectionné des croquettes « low carb » (pauvres en glucides assimilables comme l’amidon) en choisissant des croquettes suffisamment riches en protéines. Eh oui, c’est mathématique plus une croquette est riche en protéines moins elle est riche en autres nutriments et donc en amidon.

C’est important pour la mère comme pour les petits de ne pas ingérer trop d’amidon afin de ne pas provoquer de désordres digestifs. En consommant de grandes quantité de croquettes et donc d' amidon, la mère (comme les petits) risquent de ne pas pouvoir bien le digérer. Cet amidon est alors source d’inconfort digestif voire de diarrhées. Il est donc important de limiter ce risque en choisissant des croquettes à moins de 35% de glucides assimilables. Comme cette information n’est pas toujours présente sur l’étiquette de croquettes, c’est à vous de le calculer à partir des informations dont vous disposez dans les composants analytiques des croquettes. Mais, rassurez-vous, on vous a facilité la tâche en vous permettant de calculer ce taux de glucides dans notre calculateur en ligne !

  • Des croquettes qui apportent du calcium mais pas trop !

S’il y a bien un élément qui jouent un rôle particulièrement important dans la croissance des chiots et la lactation de la mère : c’est bien le calcium.

Un manque de calcium dans l’alimentation d’une chienne allaitante constitue un facteur de risque d’éclampsie. Mais, comme souvent en nutrition, tout est donc question d’équilibre : il faut du calcium mais ni trop, ni trop peu !  Il est donc important que l’alimentation de la chienne lui apporte suffisamment de calcium mais sans excès.

Choisissez donc des croquettes qui lui apporteront entre 0,9 et 1,4% de calcium.

  • Des croquettes avec des acides gras essentiels

Les acides gras omégas 3 sont des acides gras essentiels au bon fonctionnement de l’organisme du chien. Ces matières grasses participent à la modulation des réactions inflammatoires dans l’organisme, à la régulation de la coagulation sanguine ainsi qu’au maintien d’une belle qualité de la peau et du poil… Ce sont aussi des composants importants très utiles pour le développement cérébral des chiots.

Choisissez donc des croquettes qui contiennent plus de 0,7% d’omega 3 ou au moins 1% d’huile de poisson des mers froides. Ces huiles de poisson contiennent deux acides gras oméga 3 à longue chaîne, les acides éicosapentaénoïque (EPA) et docosahéxaénoïque (DHA), très utiles pour le bon développement cérébral des petits allaités.

Quelle ration ménagère pour la chienne allaitante ?

Si votre chienne allaitante boude ses croquettes ou qu’elle est habituellement nourrie avec une ration ménagère, il est évidemment possible de (continuer à) lui préparer des repas maison pendant sa période d’allaitement.

Il est alors impératif de faire calculer sa ration « spéciale allaitement » par un vétérinaire afin de vous assurer que cette ration lui apporte l’énergie et tous les nutriments et les micronutriments dont votre chienne a besoin.

Il sera en plus nécessaire pendant cette période de :

  • troquer les viandes ou les poissons maigres que la chienne a habituellement l’habitude de consommer dans sa ration par des viandes ou des poissons gras ou, à défaut, d’enrichir sa ration par une source de matières grasses comme de l’emmental ou du beurre, par exemple. Ces sources de matières grasses permettent de faire augmenter la densité énergétique de la gamelle, c’est-à-dire de concentrer les calories dans le plus petit volume d’aliment distribué afin de ne pas surcharger le système digestif de la chienne,
  • limiter la distribution de légumes, de maïs et de riz à la chienne allaitante. Ces aliments contiennent en effet des phytates, des substances qui diminuent l’absorption du calcium,
  • ne pas donner de viandes, d’abats ni de poissons CRUS à la chienne allaitante, et cela afin de limiter le risque sanitaire que cela induit. Il est préférable de faire cuire la viande ou les protéines à la vapeur ou de la faire pocher dans de l’eau chaude pour éliminer tous les risques parasitaires et microbiens,
  • ne jamais oublier de compléter la ration avec un complément minéralo-vitaminique adapté (cf. doit-on obligatoirement donner un complément alimentaire à une chienne allaitante ?)

La ration journalière de la chienne allaitante

Une chienne qui allaite doit bien manger mais aussi manger plus pour couvrir à la fois son besoin d’entretien habituel et pour réussir à produire son lait. Tout cela demande en effet beaucoup d’énergie et des quantités de nourriture beaucoup plus importantes qu’à l’accoutumée qui doivent augmenter progressivement jusqu’au pic de lactation pour rediminuer ensuite jusqu’au sevrage des petits.

Une chienne allaitante nourrie avec des croquettes doit donc recevoir sa portion habituelle de croquettes (celle du début de sa gestation) à laquelle sera ajoutée une quantité supplémentaire lui apportant environ 250Kcal par kg de portée. Ces besoins énergétiques correspondent aux besoins maximaux de la chienne à son pic de lactation, entre la 3ème et la 4ème semaine de lactation. Ils diminuent ensuite progressivement jusqu’au sevrage complet des chiot qui intervient vers la 7ème ou la 8ème semaine après la mise-bas.

Un exemple pour bien comprendre :

Si une chienne allaite 5 chiots qui pèsent chacun environ 400g, elle allaite une portée dont le poids total fait 2kg (5*0,4). Il faudra donc lui apporter une quantité supplémentaire de croquettes capable de lui apporter 500 Kcal ( 2*250Kcal ) en plus de sa ration habituelle au moment de son pic de lactation. Si ses croquettes lui apportent 380Kcal pour 100g, il faudra donc lui donner 131 g de croquettes en plus de sa ration habituelle pour couvrir le besoin énergétique de lactation.

La ration de croquettes doit idéalement être proposée à la chienne en 3 à 4 repas par jour afin de ne pas surcharger son système digestif par une trop grosse quantité de nourriture ingérée en une seule fois.

Il en est de même pour une ration ménagère. Les quantités d’aliments proposées à la chienne devront être suffisantes pour couvrir le besoin énergétique accru de la chienne pendant la période de lactation. Demandez conseil à votre vétérinaire !

Doit-on obligatoirement donner un complément alimentaire une chienne qui allaite ?

Ça dépend !

Non, si la chienne est nourrie avec de bonnes croquettes pour chiot en croissance et si elle parvient à manger sa ration quotidienne nécessaire sans problème.

Oui, si la chienne ne parvient pas à manger l’intégralité de sa ration de croquettes et/ou si les trop grosses quantités de croquettes provoquent chez elle des diarrhées ou de l’inconfort digestif. Cela peut se produire chez les chienne qui ont des portées nombreuses et/ou qui ont habituellement du mal à digérer l’amidon contenu dans les croquettes. Il est alors nécessaire de complémenter la chienne avec de la viande ou du poisson gras et un complément minéralo-vitaminique.

Oui systématiquement avec un complément minéralo-vitaminique Ca/P=3 si la chienne est nourrie exclusivement avec une ration ménagère.

Au moindre doute sur la façon de nourrir votre chienne qui allaite, consultez un vétérinaire nutritionniste qui saura vous conseiller et vous accompagner tout au long de cette période.



Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.