L’alopécie chez le chien

alopécie du chien

Votre chien perd anormalement ses poils ? Et s’il s’agissait d’une alopécie ? Mais laquelle ? Et comment y remédier ?

Qu’est ce que l’alopécie chez le chien ?

Alopécie signifie littéralement « chute excessive de poils ». Chez le chien, le terme désigne en effet une perte partielle ou complète de ses poils. Selon l’affection en cause et son stade d’évolution, cette perte de poils peut être localisée à une seule partie du corps de l’animal ou être plus étendue.

Les différents types d’alopécie du chien

L’alopécie est un symptôme présent dans de nombreuses dermatoses que l’on classe généralement selon l’origine du problème. On distingue ainsi :

Les alopécies génétiques

Parmi les alopécies du chien dont l’origine est génétique, on distingue :

  •  Les hypotrichoses congénitales :
    Les animaux affectés par cette maladie naissent sans leur pelage normal, nus, ou le perdent au cours des premiers mois de leur vie.
  • L’alopécie des pavillons auriculaires :
    Dans cette affection, le pelage devient clairsemé sur les oreilles. La maladie peut évoluer en une perte de poil totale sur les oreilles associée à une hyperpigmentation de la peau. Les oreilles prennent alors un aspect typique en « oreilles de cuir ». Les Yorskshire et les Teckels sont des races de chien prédisposées à ce type d’alopécie.
  • Le « pattern baldness », également appelé alopécie en patron :
    Il s’agit d’une perte de poils localisée, bien délimitée et restreinte à certaines parties du corps de l’animal. Il en existe plusieurs types :

    • l’alopécie des pavillons auriculaire, rencontrée chez le Teckel,
    • l’alopécie sous le cou, sous la queue et à l’intérieur des cuisses retrouvée chez le Chien d’eau portugais ou chez l’American water spaniel,
    • l’alopécie de l’intérieur des cuisses chez le Greyhound,
    • l’alopécie qui concerne le dessous du cou, les pavillons des oreilles et le ventre chez le Boston Terrier, le Teckel, le Whippet ou le Chihuahua. Ce type d’alopécie touche préférentiellement les femelles.
  • La dermatomyosite : maladie héréditaire touchant la peau et les muscles, elle touche le plus souvent les Colley, les Shetland et les Beaucerons. Elle se caractérise par  :
    • des symptômes cutanés qui associent dépigmentation, rougeur de la peau, apparition de boutons, des pertes de poils en placard localisées surtout au niveau des saillies osseuses de la face et parfois des démangeaisons,
    • des symptômes musculaires qui apparaissent dans un second temps après les signes cutanés : atrophie des muscles de la mâchoire, raideur de la démarche, intolérance à l’effort et amaigrissement secondaire à une dilatation de l’œsophage (mégaœsophage).
  • L’adénite sébacée granulomateuse :
    Il s’agit d’une dermatose rare due à la destruction des glandes sébacées (les glandes responsables de la production du sébum) qui touche surtout le Samoyède, le Vizsla, le Bichon Havanais ou bien encore l’Akita. Ses symptômes varient selon les races et peuvent comprendre une perte de poils diffuse souvent symétrique, l’apparition de pellicules et de « manchons pilaires » qui agglomèrent les poils entre eux ainsi que des symptômes plus généraux.
  • Les alopécies liées à la couleur du pelage telles que :
    • l’alopécie des robes diluées : la maladie touche les Chihuahua, le Yorkshire ou bien encore le Dobermann et provoque une perte de poils dans les zones où la couleur du pelage est diluée.
    • la dysplasie folliculaire des poils noirs : il s’agit d’une anomalie de développement des follicules pileux touchant uniquement les poils de couleur noire,
    • ou bien encore la lipidose folliculaire : il s’agit d’une anomalie de développement des follicules pileux responsable d’une alopécie limitée à la face et aux pieds. Elle est décrite chez le Rottweiler sur les zones feu de son pelage et se manifeste avant les 9 mois de l’animal.
  • Les autres dysplasies folliculaires (anomalie de développement des follicules pileux).

Les alopécies secondaires à un grattage

Toutes les maladies de la peau qui provoquent des démangeaisons sont susceptibles de provoquer une perte de poils. L’alopécie est alors une séquelle du grattage qui casse le poil et finit par tomber.
Parmi les maladies de la peau responsables de démangeaisons, on peut notamment citer :

  • la phtiriose, dermatose provoquée par une infestation de poux,
  • la cheyletiellose, dermatose provoquée par une infestation d’acariens appelés Cheyletiella,
  • la trombiculose, dermatose provoquée par une infestation d’aoûtats,
  • la puliculose, dermatose provoquée par une infestation de puces,
  • la gale sarcoptique, maladie de peau provoquée par la présence de l’acarien Sarcoptes scabiei,
  • la gale des oreilles,
  • la dermatite à Malassezia, une maladie de la peau due à la multiplication de ces levures,
  • la démodécie, une affection de la peau provoquée par la présence d’acariens Demodex canis,
  • des phénomènes allergiques tels qu’une dermatite atopique, une allergie alimentaire, une allergie de contact ou bien encore une dermatite par allergie aux piqûres de puces.

Les alopécies cicatricielles

Chez un chien la perte de poil peut aussi être secondaire à une disparition irréversible des follicules pileux, remplacés par une fibrose de collagène, interdisant toute repousse.

Ce phénomène peut par exemple se produire à la suite d’une brûlure thermique ou chimique subie par l’animal.

Plus rarement, la perte de poil peut survenir sur des zones du pelage fortement sollicitées à la suite du port répété de barrettes, de « chouchou » ou de pinces à cheveux, lorsque le propriétaire de l’animal lui fait « une houppette ». On parle alors d’alopécie de traction. C’est le même phénomène qui se produit chez les êtres humains qui portent des coiffures ou des tresses trop serrées en permanence.

Les alopécies non traumatiques

La perte de poils chez le chien peut également avoir des origines :

  • hormonales en cas de syndrome de Cushing, d’hypothyroïdie, de dysendocrinies sexuelles ou en cas d’ « alopécie X ». Ce dernier terme regroupe en réalité plusieurs types d’affections dont la dermatose répondant à l’hormone de croissance ou la dermatose répondant à la castration. Elles ont en commun une perte des poils qui débute sur les zones de frottement comme le cou et les flancs et sur lesquelles la peau devient noire. Les jeunes chiens mâles seraient prédisposés à développer ce type de dermatose.
  • parasitaires,
  • fongiques,
  • infectieuses,
  • nutritionnelles,
  • ou tumorales.

La chute des poils peut également avoir lieu après un important stress métabolique subit par l’animal. Tous ses poils passent alors simultanément en phase télogène, phase du cycle pilaire pendant lequel le poil entre en période de repos et tombent tous en même temps. On parle d’effluvium télogène. Ce phénomène apparaît le plus souvent après une intervention chirurgicale, un traitement médicamenteux, une gestation, un accident ou une maladie. Il est heureusement complètement réversible lorsque les poils se remettent spontanément en phase de repousse.

Les alopécies inclassables

Chez le chien, la perte de poils peut également être due à :

  •  une alopécie récidivante des flancs :
    Il s’agit d’une affection de la peau encore mal connue mais avec une prédisposition génétique suspectée. Cette affection se manifeste par une perte de poils sur les flancs du chien, généralement en hiver, dans une zone bien délimitée et où la peau présente une hyperpigmentation. Les races de chien prédisposées à cette affection seraient les Boxers, les Labradors, les Bouledogues, les Schnauzers, les Airedale Terrier, les Caniches ou bien encore les Korthals. Les poils repoussent généralement quelques mois plus tard, souvent au printemps, de façon spontanée. La repousse d’un pelage d’une couleur différente est généralement observée.
  • une pelade, également appelée alopecia aerata :
    Il s’agit d’une affection auto-immune dans laquelle on observe une destruction des follicules pileux. La maladie de manifeste par des zones dépourvues de poils localisées préférentiellement sur la face du chien. Les poils sont susceptibles de repousser spontanément et sont généralement précédés d’une repousse de poils blancs.
  • une pseudopelade de Broq, caractérisée par de multiples petites zones alopéciques irréversibles en aires arrondies ou ovales, non inflammatoires de couleur blanche.

La perte de poils peut enfin faire suite à une tonte ou à l’injection d’un vaccin.

La perte de poil qui survient après la tonte concerne surtout les chiens de race nordique ou les chiens atteints d’un syndrome de Cushing. Elle serait dû à un arrêt du cycle des poils dans leur phase de repos causé par des modifications vasculaires cutanées qui résulteraient des variations de la température de la peau. Les poils finissent par repousser spontanément mais la repousse peut ne reprendre que 24 mois après la tonte.

La perte de poil qui survient à la suite d’une injection s’appelle l’alopécie focale postvaccinale. Elle est le plus souvent observée après un vaccin contre la rage sous forme d’une petite plaque dépourvue de poils autour du point d’injection.

Les traitements des alopécies

Si votre chien perd ses poils de façon anormale, la seule chose à faire est d’aller consulter votre vétérinaire. Ce dernier pourra examiner cliniquement votre chien lors d’une consultation dermatologique au cours de laquelle il pourra également pratiquer des examens tels qu’un trichogramme, des cultures, un raclage cutané, un scotch test, ou une prise de sang avec dosages hormonaux…. Seule cette consultation permettra de poser un diagnostic avec certitude.

C’est à partir de celui-ci que le vétérinaire pourra mettre en place un traitement adapté à la cause identifiée de la perte de poil de votre chien : antibiotiques en cas d’infection bactérienne, antiparasitaire en cas d’infestation par des parasites, acaricide en cas d’infection par des acariens, traitement hormonal de substitution en cas d’hypothyroïdie, régime d’éviction en cas d’allergie alimentaire…

Certaines alopécies sont quant à elles irréversibles ou se résorbent spontanément et ne nécessitent par conséquent aucun traitement.



Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.