L’avortement de la chienne

L'avortement de la chienne
©Joey Banks | Unsplash

Quelles sont les méthodes d’avortement médical chez la chienne ? Et pour quelles raisons une chienne peut-elle avorter spontanément ?

L’avortement provoqué chez la chienne

Lorsqu’une gestation n’est pas souhaitée par le propriétaire d’une chienne et/ou que cette gestation peut mettre en danger la vie de la mère, il est possible d’avoir recours à un avortement médical de la chienne, soit l’équivalent en quelque sorte d’une interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse.

Il existe plusieurs protocoles d’avortement médical chez la chienne qui font appel à différentes molécules abortives détaillées ci-après: l’aglépristrone, les prostaglandines et les dopaminergiques.

C’est le vétérinaire qui choisira le protocole le plus adapté à la chienne, en fonction du moment où l’on se situe dans sa gestation. Auparavant, il pourra procéder à un diagnostic de gestation afin de s’assurer que la chienne porte effectivement des petits. En effet, toute les saillies n’entraînent pas systématiquement de gestation et il est donc préférable de s’assurer que la chienne est bien gestante avant de lui faire subir un avortement médical car cet acte peut engendrer des effets secondaires.

Les injections d’aglépristrone

Qu’est-ce que l’aglépristone ?

L'aglépristone est un stéroïde de synthèse à action antiprogestative. Elle agit par compétition avec la progestérone au niveau de ses récepteurs, l’hormone qui supporte la gestation.

C’est la molécule abortive la plus fréquemment utilisée car elle est jugée très efficace et assez facile d’utilisation pour le vétérinaire. Elle est utilisable de 0 à 45 jours de gestation.

Le déroulement

Pour réaliser l’avortement, le vétérinaire injecte l’aglépristone par voie sous-cutanée à deux reprises à 24 heures d’intervalle à la chienne gestante.

Si l’injection se fait après 20 à 30 jours de gestation, la chienne pourra expulser les avortons. En revanche, si l'avortement médical est réalisé plus précocement, l’avortement pourra passer inaperçu pour le propriétaire car les fœtus se résorberont dans les voies génitales de la chienne.

Une dizaine de jours après l’injection, le vétérinaire pourra procéder à un examen clinique de contrôle de la chienne afin de vérifier l’efficacité de l’avortement.

Les effets secondaires de l’aglépristone

Les effets secondaires d’une injection d’aglépristone peuvent consister en un retour plus précoce des chaleurs de la chienne.

Très rarement, l’injection peut être suivie de troubles cardiorespiratoires, une hypersalivation, des vomissements et des signes neurologiques.

L’injection de prostaglandines

Que sont les prostaglandines ?

Les prostaglandines sont des hormones et médiateurs à action locale, impliquées dans de nombreux processus physiologiques et pathologiques. Chez la chienne, elles ont notamment la propriété de lyser (détruire) le corps jaune, ce qui reste du follicule après la libération de l'ovule. Pendant la gestation de la chienne, le maintien du corps jaune assure normalement la production de progestérone nécessaire au maintien de la grossesse.

Le déroulement

Il existe plusieurs prostaglandines naturelles ou de synthèse, utilisables chez la chienne. Plusieurs injections en sous-cutané ou en intra-musculaire, réalisées par le vétérinaire sont alors nécessaires.

Ces prostaglandines peuvent être utilisées pour des avortements après les 25 jours suivant l’ovulation de la chienne.

Les effets secondaires des prostaglandines

L’administration de prostaglandines abortives peut entraîner une hypersalivation, des vomissements, une défécation et un ralentissement du rythme cardiaque chez la chienne dans l’heure qui suit l’injection.

L’administration d’autres médicaments avant l’injection permet généralement de faire diminuer ces effets secondaires.

La complexité du protocole ainsi que ses effets secondaires peuvent justifier une hospitalisation de la chienne pendant toute sa durée.

L’administration de dopaminergiques

Que sont les dopaminergiques ?

La dopamine est un neurotransmetteur qui a pour effet d’inhiber la sécrétion de prolactine par la chienne, une hormone qui joue un rôle important dans le maintien des corps jaune (et donc de la gestation) après 30 jours de gestation. Les médicaments abortifs dopaminergiques agissent donc en stimulant ces récepteurs dopaminergiques inhibiteurs.

Le déroulement

Les dopaminergiques s’utilisent généralement après les 30 jours qui suivent l’ovulation de la chienne et idéalement après 40 jours. Ils s’administrent à la chienne par voie orale pendant 5 à 6 jours.

Ils peuvent être utilisés seuls ou associés aux prostaglandines pour rendre l’avortement plus rapide et diminuer les effets secondaires liés à l’administration des prostaglandines.

Les effets secondaires des dopaminergiques

Les effets secondaires sont rares, passagers et peu marqués. Ils peuvent consister en une ataxie, une anorexie et des vomissements.

L’arrêt de la gestation chez la chienne

Malheureusement, les avortements chez la chienne peuvent être aussi spontanés. On parle alors d’arrêt de la gestation ou de fausse couche.

Ces avortements « naturels » peuvent avoir des origines infectieuses, hormonales, traumatiques, nutritionnels ou utérines.

Nous vous invitons à lire notre article consacré à ce sujet pour en savoir plus.



Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.