Comment l’Homme a modifié le cerveau du chien…

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comment l'homme altère le cerveau canin
©Susanne Pälmer | Pixabay

La reproduction sélective de l’Homme a modifié l’aspect physique de nos chiens mais pas uniquement…

Une modification de la structure de leur cerveau

Du Terre-Neuve au Chihuahua, l’espèce canine regroupe diverses races et des individus présentant des caractéristiques morphologiques et des aptitudes différentes qui sont le fruit de la sélection par l’Homme. Mais, ces variations ne sont pas la seule conséquence de la reproduction sélective. Une récente étude américaine menée par l’Université de Géorgie et relayée par la revue Journal of Neurosciences le 2 septembre 2019 vient de démontrer que ces modifications physiques ont aussi eu un impact sur la structure du cerveau de nos canidés domestiques.

Au cours de cette étude, les chercheurs ont étudié les IRM de cerveaux de 62 chiens appartenant à 33 races différentes. Première observation : la forme et la taille du cerveau sont très variables d’une race à l’autre…et cela, bien au-delà de la variété de formes et de taille des crânes que l’on peut rencontrer entre les chiens des différentes races qui ont participé à l’étude.

Une corrélation significative entre des réseaux neuronaux développés et des aptitudes comportementales

En examinant de plus près les zones du cerveau qui présentaient de fortes variations entre les races, l’équipe de Erin Hecht, neuroscientifique à l’Université d’Harvard, a pu établir six cartes de réseau neuronal qu’elle a corrélé à différentes aptitudes du chien telles que la chasse à vue, la chasse à l’odorat, la garde et la sociabilité. Par exemple, les chiens parfois utilisés comme chiens policiers  - comme le Boxer ou le Doberman – semblent avoir développé un réseau neuronal plus important que les autres races dans les régions impliquées dans la vision et l’odorat.

Les chiens de chasse utilisés pour leur flair, ont quant à eux montré des différences non pas dans les régions du cerveau qui leur permettent de détecter les odeurs, mais plutôt dans des zones de leur cerveau qui leur permettent de décrypter et communiquer cette information…notamment à l’Homme pour toujours mieux lui être utile !

Une étude menée chez des chiens de compagnie

L’étude a montré des différences dans le cerveau des chiens quand bien même ces derniers n’étaient « que » des chiens de compagnie. En effet, l’inconvénient majeur de l’étude, admis par l’auteur de l’étude dans les colonnes du Washington Post, est qu’elle a fait appel à des chiens de compagnie et non à des chiens de travail, autrement dit des chiens qui ne remplissent pas activement les fonctions pour lesquelles leur race a été créée. Faire appel à des chiens de travail aurait pu accentuer la corrélation mise en évidence par l’étude car le cerveau est malléable et change à chaque nouvel apprentissage.

Des modifications cérébrales récentes

Si le chien est un animal présent aux côtés de l’Homme depuis plus de 15 000 ans, l’étude a enfin démontré que presque tous les changements sur la structure du cerveau du chien ne sont intervenus que très récemment, autrement dit « dans les branches terminales de l'arbre phylogénétique du chien ». Ce dernier constat indique des changements récents à l’échelle de l’évolution des races de chien et que l’on doit, selon toute vraisemblance à la reproduction sélective menée par l’être humain.

Forte de ce constat, Erin Hecht, l’auteur de l’étude appelle alors à davantage de responsabilité de la part de l’être humain quant à la façon dont nous altérons, par notre sélection, la structure cérébrale originelle des chiens et sur la façon dont nous traitons les animaux auxquels nous l'avons fait.

Pourvu que son appel soit entendu !

Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.