La consanguinité chez le chien

Consanguinité et tare génétique du chien
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On parle souvent de la consanguinité chez le chien qui serait à l’origine de l’apparition de problèmes de santé ou de problèmes comportementaux. Quand peut-on parler de consanguinité chez le chien ? Est-elle autorisée et quels en sont les risques ?

La consanguinité : qu’est-ce que c’est ?

La consanguinité est le résultat de l’accouplement entre deux chiens apparentés. Pour un chiot donné, la consanguinité est d’autant plus importante que le lien de parenté entre ses géniteurs est étroit.

Cette définition nous enseigne donc qu’il existe différents degrés de consanguinité chez le chien.

Les différents degrés de consanguinité chez le chien

On appelle la consanguinité en ligne directe ou in-breeding, le fait d’accoupler deux chiens qui ont lien de parenté étroit entre eux. C’est par exemple le cas si l’on fait s’accoupler un frère et une sœur ou bien une mère avec son fils. Marier un oncle et une tante avec ses neveux est aussi considéré comme de l’in-breeding.

La consanguinité étroite désormais interdite par la Société Centrale Canine

Depuis mai 2017, la consanguinité rapprochée est interdite par la Société Centrale Canine. Ainsi, il est donc interdit pour les éleveurs de chiens de race de faire s’accoupler un père et sa fille, une mère et son fils ou un frère et une sœur. Des dérogations peuvent cependant être accordées au cas par cas à l’éleveur sur présentation d’un dossier auprès du club de race.

La consanguinité en ligne collatérale, également appelée consanguinité large ou line-breeding, consiste quant à elle à faire s’accoupler deux géniteurs qui ont un ancêtre commun mais plus lointain. Le line-breeding consiste par exemple à « marier » un grand-père et sa petite-fille.

On parle d’absence de consanguinité si l’éleveur a pratiqué le out-breeding (également appelé out-cross). Cela signifie qu’il a fait s’accoupler deux chiens qui n’ont aucun ancêtre commun dans leur pedigree (c’est-à-dire leur arbre généalogique). Le plus souvent, c’est le cas quand l’éleveur fait appel à un reproducteur extérieur à son élevage.

Les dangers de la consanguinité chez le chien

Il faut avant tout savoir toutes les variétés de races canines pures existantes à ce jour ont été produites et se sont développées par la pratique de la consanguinité en ligne directe. Croiser entre eux des individus qui possédaient les caractéristiques que l’on souhaitait conserver était en effet le moyen le plus rapide et le plus sûr pour obtenir des chiots avec ces mêmes caractéristiques.

Mais, l’inconvénient du recours à cette consanguinité étroite est le manque de brassage du patrimoine génétique. A force de marier des individus étroitement apparentés, le risque majeur est de faire émerger des tares génétiques qui sont susceptibles d’entraîner des problèmes de santé chez les descendants. Avec la consanguinité, on garde le meilleur mais aussi le moins bon voire le pire du capital génétique des géniteurs.

En effet, dans le patrimoine génétique d’un individu, il existe toujours deux versions d’un même gène, l’une étant apportée par sa mère et l’autre par son père. On appelle ces versions du même gène, les allèles. Il existe ainsi des allèles récessifs et des allèles dominants. Si un chien possède un allèle récessif et un allèle dominant pour une caractéristique donnée, c’est l’allèle dominant qui va s’exprimer. L’allèle récessif est quant à lui bien présent dans le patrimoine génétique mais reste silencieux.

Si cet allèle récessif est porteur d’une mutation potentiellement responsable d’une maladie alors la maladie ne va pas se déclarer chez le chien qui possède un allèle récessif et un allèle dominant (le chien est dit « hétérozygote » pour cet allèle) : on dit que le chien est un porteur sain. En revanche, il peut tout à fait transmettre cet allèle récessif à sa descendance.

Si l’on croise des individus de la même famille, tous porteurs sains, le risque est qu’un chiot de la descendance se retrouve alors avec deux allèles récessifs délétères qui, en l’absence du gène dominant « normal », s’exprime.

La consanguinité étroite présente donc un risque accru de révéler des problèmes génétiques en sélectionnant des allèles récessifs et en les faisant s’exprimer.

Bien évidemment, des tares génétiques peuvent aussi s’exprimer chez des individus non étroitement consanguins si les deux géniteurs sont porteurs de l’anomalie mais il y a statistiquement moins de risques que cela se produise.




Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.