La cortisone chez le chien

cortisone pour chien
©image d'illustration Pixabay

Les traitements à base de dérivés du cortisol, appelés corticoïdes et plus connus sous l’appellation de cortisone, ont de très nombreuses applications en médecine vétérinaire. Ces médicaments doivent impérativement être prescrits par un vétérinaire car ils possèdent aussi de nombreux effets secondaires et contre-indications. Explications.

La cortisone, c’est quoi ?

Le mot « cortisone » désigne dans le langage commun une classe de médicaments que les professionnels de santé regroupent sous le terme de corticoïdes.

Il s’agit de médicaments dérivés du cortisol, une hormone stéroïde naturellement sécrétée par deux petites glandes situées juste au-dessus des reins : les glandes surrénales.

Le cortisol joue de multiples rôles dans l’organisme du chien. Il a notamment des actions sur les réponses immunologiques et inflammatoires. Ce sont précisément ces actions physiologiques que les médicaments corticoïdes miment car on utilise principalement ces derniers comme anti-inflammatoires et comme immunosuppresseurs.

Parmi ces corticoïdes, il existe plusieurs molécules sur le marché : dexaméthasone, triamcinolone, prednisolone, prednisone ou bien encore hydrocortisone. Ces médicaments sont disponibles sous plusieurs formes : en crèmes, pommades ou lotions, en collyres, en comprimés à faire avaler au chien ou en solutés injectables par le vétérinaire.

Pourquoi prescrit-on de la cortisone à un chien ?

Les corticoïdes sont des médicaments qui ont de multiples indications chez les chiens.

A faible dose, ils ont un rôle anti-inflammatoire et sont notamment utilisés pour :

  • soulager les démangeaisons provoquées par certaines affections dermatologiques comme la dermatite atopique ou la dermatite par allergie aux piqûres de puces,
  • traiter des troubles inflammatoires ou allergiques touchant la peau, les voies respiratoires (ex: asthme…) ou les intestins (ex: maladie inflammatoire chronique des intestins…),
  • réduire les œdèmes survenus à la suite de piqûres d’insectes auxquels le chien est allergique,
  • soulager des douleurs ostéo-articulaires en cas d’arthrose ou de hernie discale par exemple,
  • ralentir l’évolution de certains cancers ou pour en limiter les conséquences inflammatoires sur l’organisme,
  • traiter certaines affections oculaires comme les conjonctivites ou les uvéites,
  • traiter les otites externes,

A savoir !

Les corticoïdes sont ce qu’on appelle des anti-inflammatoires stéroïdiens.

A plus forte dose, les corticoïdes ont un rôle immunosuppressif. A ces doses, on les utilise pour le traitement des maladies auto-immunes ou à médiation immunitaire. Ces maladies peuvent toucher la peau (ex : pemphigus, lupus…), le sang (ex : anémie hémolytique ou thrombocytopénie à médiation immunitaire), les articulations (ex : lupus), le système nerveux central (ex : méningo-encéphalite granulomateuse stérile), le foie ou les reins.

Les corticoïdes sont également utilisés pour traiter la maladie d’Addison, une maladie dans laquelle les glandes surrénales ne parviennent plus à fabriquer les hormones nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. Dans ce cas, les corticoïdes sont prescrits par le vétérinaire pour pallier le déficit en « cortisone » naturelle.

Les effets secondaires de la cortisone

Les corticoïdes sont des médicaments connus pour présenter de nombreux effets secondaires. C’est d’ailleurs pour ces raisons que les vétérinaires cherchent systématiquement à en faire un usage raisonné en recherchant des alternatives aux corticoïdes ou, à défaut d’alternatives, la plus petite dose efficace.

Parmi leurs effets secondaires, il est possible d’observer chez les animaux traités par des corticoïdes par voie orale :

  • une polydipsie (augmentation de la soif et de la prise de boisson),
  • une polyurie (augmentation des quantités d'urines émises),
  • une polyphagie (le chien a tout le temps envie de manger),
  • un halètement,
  • des changements comportementaux.

Lorsque les corticoïdes sont utilisés sur de longues périodes, ils peuvent engendrer chez le chien l’apparition d’un syndrome de Cushing, être responsables de l’apparition d’ulcères gastro-intestinaux, de troubles urinaires, sanguins, vasculaires entre autres.

Utilisé par voie locale sur la peau de l’animal sous forme de pommades ou de lotions sur une longue période, ils peuvent également entraîner un affinement de la peau, une perte de poils, le dépôt de cristaux de calcium sous la peau, une plus grande sensibilité aux infections fongiques et bactériennes

Cette longue liste d’effets secondaires nous rappellent qu’il ne faut en aucun cas utiliser des corticoïdes en auto-médication chez un chien et encore moins utiliser des médicaments formulés pour les humains sans l’avis d’un vétérinaire.

Les contre-indications et les précautions d’emploi de la cortisone

Les corticoïdes présentent de nombreuses contre-indications. Ils sont donc à éviter lorsque:

  • l’animal est atteint d’une infection virale car ils peuvent aggraver ou accélérer l’évolution de la maladie en affaiblissant les défenses immunitaires de l’animal,
  • le chien souffre d’une insuffisance rénale ou d'une insuffisance hépatique, de pancréatite, d’un diabète sucré ou d’une insuffisance cardiaque congestive,
  • une chienne attend des petits car ils peuvent provoquer des malformations chez les chiots à naître ou provoquer un avortement,
  • le chien vient de recevoir un vaccin car il en diminue l’efficacité,
  • le chien présente un ulcère de la cornée. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il ne faut jamais instiller de collyre en auto-médication chez un chien qui présente un problème à l’œil. Si le collyre en question contient de la cortisone et que le chien présente un ulcère à la cornée, le collyre pourra alors aggraver très sérieusement le problème en creusant l’ulcère présent.

L’administration de corticoïdes nécessite quelques précautions d’emploi :

  • Les doses prescrites par le vétérinaire doivent être soigneusement respectées,
  • Un traitement à long terme doit être arrêté très progressivement, en diminuant les doses conformément à la prescription du vétérinaire. Sans un arrêt progressif du traitement, des troubles sont susceptibles d’apparaître comme une crise addisonienne lors d’un traitement par voie orale (la cortisone prise par voie orale « inhibe » la synthèse des hormones par les glandes surrénales et il leur faut un certain temps à l’arrêt du médicament pour se remettre en marche) ou un effet « rebond » en cas de traitement local (réapparition des symptômes de la maladie).
  • Il faut empêcher les chiens de lécher les médicaments appliqués localement sur leur peau (crème, pommade, lotions…) car le léchage du médicament peut entraîner un effet général et des effets secondaires identiques à ceux d’une administration du médicament par voie orale.
Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.