Qu’est ce que la démodécie chez le chien ?
La démodécie est une maladie dermatologique du chien causée par la prolifération excessive d’un acarien qui vit dans les follicules pileux du chien. Ces acariens, les Demodex, font partie de la flore commensale de la peau du chien. Cela signifie que de nombreux chiens (50% des chiens environ) en sont naturellement porteurs sans que cela ne leur pose aucun problème de santé. Mais, il arrive que dans certaines circonstances, lorsque le système immunitaire du chien est affaibli, ces acariens opportunistes « profitent » de cette faiblesse pour se multiplier de manière excessive, en provoquant une dermatose c’est-à-dire une maladie de peau. Ainsi, la démodécie se déclenche chez les jeunes chiens dont le système immunitaire est fragile ou déficient ou chez les chiens adultes atteints d’une autre maladie sous-jacente qui fragilise leur immunité comme un cancer, l’hypercorticisme, l’hypocorticisme ou l’hypothyroïdie.
Comment se transmet la démodécie chez le chien ?
Les agents responsables de la démodécie chez le chien sont Demodex canis et Demodex injaï. Ces acariens microscopiques (non visibles à l’œil nu) possèdent un corps allongé avec 8 très petites pattes regroupées vers l’avant du corps. A l’état naturel, ils vivent exclusivement dans les glandes sébacées et les follicules pileux du chien et se nourrit de sébum. Ils sont en revanche incapables de survivre plus de quelques heures dans le milieu extérieur et l’ensemble de leur cycle de développement se fait à l’intérieur du follicule pileux du chien.
La particularité de leur cycle de vie explique que l’environnement n’est pas une source de contamination pour les chiens par Demodex. La transmission de l’acarien ne peut se faire que par contact direct de la mère chien qui en est porteuse à ses chiots nouveaux-nés pendant la période d’allaitement. Chez l'animal adulte, la transmission de l’acarien par contact direct est rarissime et, quand elle a lieu, ne peut se faire que vers un animal déjà atteint d’une maladie qui fragilise ses défenses immunitaires.
La démodécie canine n’est donc pas contagieuse entre chiens. Elle n’est pas non plus contagieuse pour l’Homme ou les animaux qui appartiennent à d’autres espèces car les Demodex qui peuplent la peau du chien sont spécifiques à l’espèce canine.
A retenir
Les acariens responsables de la démodécie ne se transmettent que de la mère vers ses chiots pendant leurs premiers jours de vie et la démodécie ne se « déclenche » que chez les animaux fragiles et/ou déjà malades.
Quels sont les symptômes de la démodécie ?
La démodécie peut prendre plusieurs formes avec des symptômes variés. On distingue ainsi la démodécie localisée de la démodécie généralisée.
La démodécie localisée
On parle de démodécie localisée lorsque le chien présente moins de 5 lésions alopéciques sur l’ensemble de son corps. Pour pouvoir parler de démodécie localisée, ces zones ne doivent pas provoquer de démangeaisons au chien, ni être surinfectées. Cette forme de la maladie touche le plus souvent le chiot ou le jeune chien avant ses 3 ans.
Les symptômes de la démodécie localisée diffèrent selon la forme clinique de la maladie. Ainsi, on distingue des formes nummulaires ou diffuses, des démodécies localisées à Demodex injaï ainsi que des formes de démodécie localisées qui touchent les pattes (pododermatites à Demodex) ou les oreilles (otites à Demodex).
La démodécie localisée de forme nummulaire
Dans cette forme de démodécie localisée, on observe des régions bien délimitées « en plaques », de taille restreinte, dépourvues de poils, où la peau peut être plus ou moins rouge avec des pellicules (squames), des points noirs (comédons) et des zones hyperpigmentées (la peau devient grisâtre à noirâtre).
Toutes les régions du corps peuvent être atteintes mais on observe ces lésions le plus souvent autour des yeux du chien (les zones alopéciques dessinent alors comme des « lunettes » au chien), sur les lèvres, le museau, le cou, le poitrail et les pattes avant.
La patte d’un chien atteint de démodécie localisée. On aperçoit une hyperpigmentation de la peau au centre de la lésion.*
Le museau d'un jeune chien atteint de démodécie localisée.*
La démodécie localisée de forme diffuse
Cette forme de démodécie est rencontrée plus fréquemment chez le Boxer, le Bobtail, le Westie, le Carlin et le Dobermann. Les lésions ne sont alors pas bien délimitées. On n’observe pas de chute de poils marquée, mais des rougeurs de la peau, des pellicules, des points noirs, une séborrhée (augmentation anormale de la sécrétion de sébum) et une odeur rance de la peau.
La démodécie à Demodex injaï
Cette forme particulière de démodécie touche surtout les races de chien qui appartiennent au groupe des terriers. Elle se caractérise par une séborrhée et une rougeur de la peau importantes au niveau de la ligne dorsale.
La démodécie des pattes ou pododermatite à Demodex
Quand la démodécie est localisée à l’un des pieds du chien, on parle alors de pododermatite à Demodex. L’affection se manifeste par une perte de poil et une rougeur de la peau des espaces interdigités (entre les doigts).
Cette forme de démodécie se complique souvent d’une infection bactérienne qui entraîne une aggravation des lésions, un gonflement du pied et des douleurs.
L’otite à Demodex
Il arrive que les Demodex se développe dans les conduits auriculaires du chien et provoque une otite érythémato-cérumineuse : l’intérieur de l’oreille est alors très rouge et encombré de cérumen cireux d’une couleur brun-jaunâtre.
La démodécie généralisée
On parle de démodécie généralisée :
- si au moins cinq zones distinctes du corps du chien sont porteuses de lésions (ou deux pattes ou plus atteintes s’il s’agit de pododermatite),
- ou si la maladie s’est étendue à toute une région du corps,
- ou s’il y a une complication bactérienne.
La démodécie généralisée est rare mais il s’agit d’une des plus sérieuses maladies dermatologiques canines. Elle est souvent la conséquence d’une démodécie localisée qui s’est étendue. Elle se manifeste alors par le regroupement et/ou l’extension des lésions observables lors d’une démodécie localisée. Elle se complique souvent d’une pyodermite, c’est-à-dire d’une surinfection bactérienne de la peau qui est elle-même à l’origine de démangeaisons et du développement de croûtes ou de nouvelles lésions contenant du pus. En cas d'atteinte chronique, la peau du chien peut prendre une coloration gris-bleutée.
Un chien atteint de démodécie généralisée.*
Une démodécie généralisée peut se compliquer par une infection bactérienne. Ici, le ventre d'un chien recouvert de pustules.*
Une démodécie généralisée est toujours la conséquence d’un problème immunitaire du chien dont l'origine peut être génétique, due à une autre maladie ou à un traitement médical immunosuppresseur (cortisone, chimiothérapie…). Elle peut survenir chez le chien adulte ou chez un jeune chien.
Comment la démodécie est-elle diagnostiquée ?
Le diagnostic de la démodécie chez le chien ne peut se faire que lors d’une consultation dermatologique chez son vétérinaire. Le vétérinaire devra alors effectuer plusieurs raclages cutanés pour mettre en évidence la présence de l’acarien responsable de la maladie à l’aide d’un microscope.
Le vétérinaire pourra également compléter cet examen par une prise de sang dans le but de rechercher une maladie sous-jacente.
Démodécie du chien : quel traitement ?
Si le chien est atteint d’une forme localisée de démodécie, le vétérinaire peut choisir de ne pas mettre en place de traitement car il n’est pas rare que la maladie évolue spontanément vers la guérison.
En cas de démodécie généralisée, en revanche, un traitement est obligatoire car l’organisme du chien ne parviendra pas seul, dans la plupart des cas, à « reprendre le dessus » sur l’acarien. Le traitement peut alors faire appel à :
- des produits acaricides sous forme de pipettes ou de solutions à appliquer localement ou de comprimés à avaler pour lutter contre l’acarien Demodex,
- un traitement visant à éliminer la cause sous-jacente de la démodécie comme par exemple un traitement hormonal en cas de trouble endocrinien,
- un traitement antibiotique pour traiter les complications par infection bactérienne de la peau,
- des shampooings et des compléments alimentaires (vitamines E, acides gras essentiels…) visant à restaurer les fonctions de la barrière cutanée mise à mal par la maladie.
Le traitement d’une démodécie généralisée peut être long (4 mois en moyenne) et difficile. Le traitement acaricide, en particulier, ne devra pas être interrompu avant que deux raclages cutanés successifs et espacés d’un mois soient négatifs.
N’oubliez pas également que les médecines complémentaires comme la phytothérapie peuvent être d’un grand secours, en accompagnement des traitements conventionnels de la démodécie. Certaines plantes ont des propriétés anti-infectieuses et immunostimulantes et peuvent ainsi appuyer l’effet des traitements conventionnels quand d’autres peuvent réduire l’inflammation et aider à la cicatrisation. Demandez conseil à votre vétérinaire.
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