Les lévriers, qui sont des chasseurs nés, n’ont plus la possibilité de chasser car cette discipline leur est interdite depuis 1844. Pour pallier cela, un sport qui leur est exclusivement dédié a vu le jour pour leur permettre d’exprimer tout leur potentiel : la poursuite à vue sur leurre ou PVL. Zoom aujourd’hui sur cette discipline très peu connue des non “aficionados” des Lévriers.
La poursuite à vue sur leurre : qu’est-ce que c’est ?
La poursuite à vue sur leurre, ou autrement appelé Coursing en anglais, est un sport canin qui simule une chasse au lièvre avec des changements de direction du leurre (le “faux” lièvre), des obstacles à franchir avec de la végétation, etc.
C’est une course qui se pratique donc en terrain naturel mais il existe également une autre alternative en cynodrome où ici les chiens poursuivent un leurre qui ne change pas de direction, cette discipline est appelée Racing et se distingue donc de la PVL.
Les courses de Lévriers sont assez anciennes et font l’objet de paris au même titre que les courses hippiques, mais la PVL est quant à elle une discipline beaucoup plus récente (première course en 1993) qui se rapproche davantage de la chasse à laquelle les Lévriers n’ont plus accès. C’est d'ailleurs presque exclusivement un sport de compétition et de nombreuses courses officielles sont organisées par les clubs spécialisés et agréés par la CNUL de la SCC (Commission Nationale d'Utilisation des Lévriers de la Société Centrale Canine).
Lors des concours, ce sont deux chiens qui s’opposent et poursuivent donc la trajectoire du “gibier” simulé qui est en fait un leurre conçu à base de peau de lapin. Concernant les longueurs de parcours, elles doivent être comprises entre 300 et 600 mètres pour les petites races telles que le Whippet ou le Petit Lévrier Italien (Pli) et généralement comprises entre 600 et 1000 mètres pour les grandes races.
La PVL : pour quels chiens ?
Ces courses sont spécifiquement réservées aux Lévriers (races du groupe 10 de la FCI), à savoir :
- l’Azawakh,
- le Lévrier Anglais (Greyhound),
- le Lévrier Afghan (Tazi),
- le Lévrier Persan (Saluki),
- le Lévrier Arabe (Sloughi),
- le Lévrier Russe (Barzoï),
- le Lévrier Irlandais (Irish Wolfhound),
- le Lévrier Écossais (Deerhound),
- le Whippet,
- le Lévrier Polonais,
- le Lévrier Espagnol (Galgo),
- le Lévrier Hongrois,
- le Petit Lévrier Italien (Pli).
Toutefois, seuls les chiens inscrits à titre définitif au LOF (ou à un Livre des Origines reconnu par la FCI) peuvent participer aux courses officielles. De plus, les Lévriers inscrits doivent avoir obtenu en amont leur Brevet de Poursuite à Vue sur Leurre qui est un document qui atteste de leurs capacités à participer aux compétitions officielles.
Comment éduquer un chien à la PVL ?
Comme pour n’importe quelle discipline, une éducation est souvent de mise, bien que certains sujets aient vraiment la poursuite, la vitesse et l’agilité dans leurs gènes. Mais il faut savoir que même un chiot Lévrier qui descend d’une “haute lignée” de chiens de course peut s’avérer très peu performant voire pas du tout intéressé par la PVL.
Il faut parfois s’armer de patience pour apprendre à son lévrier à “courir” dans le cadre d’une discipline spécifique.
Conseil n°1 : L’éducation classique
Tout d’abord, le Lévrier en question doit être bien éduqué. Il doit être un bon compagnon de vie au quotidien et connaître les bases éducatives, sans pour autant être un roi d’obéissance non plus. Il sera toujours bien plus facile d’apprendre à un lévrier déjà éduqué à poursuivre.
Conseil n°2 : La socialisation
Le Lévrier doit être correctement socialisé, que ce soit avec les autres chiens mais aussi les humains. Ce sont des chiens généralement très sensibles qui peuvent rapidement devenir peureux voire agressifs s’ils ne sont pas socialisés. C’est donc un point à ne pas négliger dans l’éducation de son chiot Lévrier.
Conseil n°3 : L’attrait pour le leurre
Puis, il convient ensuite de motiver le Lévrier à poursuivre un leurre (sans que ce soit une vraie proie). Ceci est très important et s’avère être une étape déterminante pour espérer inscrire un jour son chien aux compétitions officielles. Toutefois, il est généralement très facile d’inciter son chiot à poursuivre le leurre car son instinct de jeu est souvent très présent.
Petit aparté : dans les sujets que j’ai l’habitude de traiter ici, je mets généralement en garde sur l’excès des jeux de lancé qui ont tendance à renforcer l’instinct de poursuite des chiens… Mais ici, dans le cadre d’un travail et d’un apprentissage précis de la Poursuite à Vue sur Leurre, les jeux de lancé sont particulièrement bénéfiques.
Conseil n°4 : La motivation
Si votre chiot n’est pas spécialement intéressé par le leurre que vous lui proposez (qui est généralement conçu avec des bandes de plastiques), n’hésitez pas à le rendre encore plus “intéressant” en l’agrémentant d’une peau de lapin, de friandises, etc.
De plus, pour motiver encore plus votre chien à poursuivre le leurre, n’hésitez pas à créer des mouvements rapides et brusques avec le leurre pour que ce dernier représente encore plus une proie pour votre chien.
Puis, votre attitude est également très importante, si vous êtes enthousiaste et enjoué, votre chiot/chien le sera également.
Enfin, à l’issue de la séance de poursuite que vous avez initiée (qui ne doit pas être trop longue mais surtout proposée régulièrement), frustrez un peu votre chien et laissez-le sur sa faim, cela favorisera sa motivation pour la prochaine séance. Ne lui laissez surtout pas le leurre à disposition, cachez-le et ressortez-le uniquement lorsque vous voulez travailler le renforcement de la poursuite.
Conseil n°5 : L’inscription à un club
Dès lors que votre chiot est en âge d’intégrer un club, n’hésitez pas à l’y inscrire pour commencer les courses avec ce que l’on appelle un leurre-moteur. Ceci permet d’habituer progressivement votre chien à poursuivre le leurre avec en bruit de fond le moteur.
Puis, bien évidemment, cela vous permet de socialiser et d’éduquer votre chien à cette discipline tout en étant encadré par des personnes qualifiées/passionnées/expérimentées.
Conseil n°7 : Les boîtes de départ
Vous devez également habituer votre chien aux boîtes de départ qui peuvent être, sans familiarisation, assez traumatisantes pour un chien, qui plus est un Lévrier. Ici, le mieux étant de se faire conseiller par des professionnels et d’utiliser un matériel spécifique… Bien que vous pouvez également construire des boîtes de départ en carton à la maison pour habituer votre chiot dès son plus jeune âge et simuler des départs de courses.
Conseil n°8 : Le port de la muselière
Lors des courses officielles, les chiens sont muselés pour leur sécurité. Vous devez donc apprendre à votre chien dès son plus jeune âge à porter et supporter une muselière. Cette habituation se doit d’être progressive et surtout toujours positive. Je vous invite à lire notre article dédié à ce sujet pour bien respecter toutes les étapes.
Conseil n°9 : Le respect du rythme du chien
Les courses de vitesse demandent une grande vigilance quant à l’état de santé du chien, sa préparation et sa récupération. Il ne s’agit pas de faire courir un chiot qui n’est pas encore “formé” ou un chien qui vient de manger, ou qui s’est blessé ou qui rencontre des problèmes de santé.
De plus, les courses nécessitent un entraînement assidu et régulier. C’est un sport exigeant qui demande une condition physique optimale.
Conseil n°10 : Les courses en solo avant les courses en groupe
Enfin, même si les courses se font toujours à 2 ou plus, il convient d’habituer son chien à courir d’abord en solo car pour obtenir le Brevet de PVL, il y a une étape où le chien court seul. De fait, si votre chien a toujours été habitué à courir "avec des copains", il sera très difficile de le motiver à courir seul.
