Le syndrome de Fanconi chez le chien

Le syndrome de Fanconi chez le chien
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Qu’est-ce que le syndrome de Fanconi chez le chien ? Comment se manifeste-t-il ? Quels sont ses causes ? Comment le diagnostique-t-on et le traite-t-on ?

Qu’est-ce que le syndrome de Fanconi ?

Le syndrome de Fanconi désigne une affection rénale qui entraîne une élimination accrue de divers éléments dans les urines du chien alors qu’ils ne devraient normalement pas être éliminés du tout ou ne pas être éliminés dans de telles quantités.

Les deux reins assurent en permanence l’épuration de l’organisme tout entier en filtrant l’ensemble du plasma de la circulation sanguine. Lors du passage du plasma sanguin au travers du rein, ce dernier en retient les toxines comme l’urée, une partie des ions et des minéraux afin de les éliminer dans les urines. Mais, en parallèle, le rein réabsorbe d’autres éléments comme le glucose (« sucre »), les acides aminés, une partie de l’eau, du sodium, du potassium, des phosphates et du bicarbonate afin qu’ils restent dans le sang et servent au bon fonctionnement de l’organisme.

Lorsque le chien est atteint du syndrome de Fanconi, il existe donc une anomalie de réabsorption du glucose, des acides aminés et/ou des électrolytes au niveau du tube contourné proximal des néphrons. Ces différents métabolites sont alors évacués dans les urines. Le syndrome de Fanconi entraîne par conséquent d’importantes carences ainsi qu’une acidose métabolique qui peuvent être fatales à l’animal sans une prise en charge par un vétérinaire. Il peut également évoluer vers l’apparition d’une insuffisance rénale chronique.

Syndrome de Fanconi chez le chien : les causes possibles

Chez le chien, le syndrome de Fanconi peut avoir diverses origines parmi :

Des origines génétiques

Il existe plusieurs races de chien prédisposées au syndrome de Fanconi. Parmi ces races, le Basenji est la race qui représente à elle seule 75 % des cas de syndrome de Fanconi d’origine congénitale. Il existe d’ailleurs pour les éleveurs un test ADN permettant de dépister les chiens reproducteurs porteur du gène muté à l’origine de la maladie.

Parmi les autres races prédisposées au syndrome de Fanconi, on trouve également le Berger des Shetland ou bien encore le Schnauzer nain.

Des origines iatrogènes

Plusieurs médicaments peuvent être à l’origine de l’apparition d’un syndrome de Fanconi chez le chien. Il s’agit plus précisément d’antibiotiques dont les principes actifs sont la gentamicine, la streptozocine ou l’amoxicilline.

Des friandises contaminées

De nombreux cas de syndromes de Fanconi chez le chien ont été décrits à la suite de l'ingestion de friandises de poulet, de canard ou de bœuf séchés. Ces friandises, contaminées par des toxines à l’origine des dommages rénaux, proviendraient dans la plupart des cas de Chine. La maladie peut être réversible à l'arrêt des friandises et avec une gestion du syndrome mais ce n’est malheureusement pas systématique.

Une hypoparathyroïdie primaire

Le syndrome de Fanconi chez le chien peut enfin être secondaire à une hypoparathyroïdie primaire. Il s’agit d’une maladie endocrinienne relativement rare qui se caractérise par un défaut de sécrétion de parathormone (PTH) par les glandes parathyroïdes du chien. C’est cette hormone qui permet d’augmenter la calcémie (taux de calcium dans le sang) en stimulant sa réabsorption par les reins. Lorsqu’elle n’est plus suffisamment sécrétée, on assiste alors à une fuite de calcium par les urines, faute de réabsorption rénale.

Quels sont les symptômes du syndrome de Fanconi ?

Le syndrome de Fanconi chez le chien peut se manifester par :

  • une polyuro-polydipsie (PUPD). Le chien boit et urine beaucoup,
  • un amaigrissement dû à la fuite urinaire du glucose et des acides aminés, responsable de graves carences. Chez le jeune en croissance, ces fuites peuvent ainsi être à l’origine d’un rachitisme,
  • une fatigue importante,
  • une anorexie (refus de s’alimenter).

Les premiers symptômes du syndrome de Fanconi d’origine génétique s’expriment le plus souvent entre les 2 ans et les 4 ans de l’animal.

Comment diagnostique-t-on un syndrome de Fanconi ?

Le diagnostic d’un syndrome de Fanconi est parfois difficile à établir, ce qui est susceptible de retarder la prise en charge correcte de l’animal. La forme la plus facilement diagnostiquée de ce syndrome est celle qui est responsable d’une fuite de glucose dans les urines.

Pour poser son diagnostic avec certitude, votre vétérinaire pourra avoir recours à :

  • des analyses d’urines,
  • des analyses sanguines,
  • une radiographie osseuse pour observer une éventuelle diminution de la densité osseuse,
  • une biopsie rénale,
  • un test génétique si ce dernier est disponible pour la race du chien concerné par l'affection.

Syndrome de Fanconi du chien : quel traitement ?

Le traitement du syndrome de Fanconi repose généralement sur :

  • la correction de l’hypokaliémie (taux de potassium bas dans le sang) par l’administration de chlorure de potassium,
  • la correction de l’acidose métabolique provoquée par la fuite de bicarbonate dans les urines au moyen de l’administration de bicarbonate de sodium ou de citrate de potassium,
  • le remplacement des différentes substances éliminées dans les urines par une supplémentation alimentaire.

Bien évidemment, si l’origine du syndrome de Fanconi est médicamenteuse ou alimentaire, il sera nécessaire d’arrêter le traitement en cours (toujours sur l’avis de votre vétérinaire) ou de stopper la distribution des friandises contaminées.

Avec ce traitement, certains animaux peuvent conserver une espérance et une qualité de vie correctes. Mais, le pronostic des animaux dont le syndrome de Fanconi à évolué vers une insuffisance rénale est plus réservé. Ces animaux devront recevoir un traitement qui permettra de ralentir l’évolution de l’insuffisance rénale chronique.

Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.