Les tumeurs de l’anus chez le chien

les glandes anales du chien

Les chiens peuvent malheureusement souffrir de tumeurs localisées autour de leur anus : on les appelle les tumeurs périanales. Ces tumeurs peuvent être bénignes ou cancéreuses. A quoi sont-elles dues ? Comment les distinguer et comment les traiter ?

Adénome et adénocarcinome des glandes anales du chien

Au niveau de la région périanale du chien, deux types de tumeurs sont essentiellement susceptibles de se développer :

  • une tumeur bénigne qu’on appelle un adénome périanal,
  • une tumeur maligne qu’on appelle un adénocarcinome périanal.

Les adénomes périanaux

Ces tumeurs bénignes portent également le nom de circumanalomes. Elles se forment à partir des glandes sébacées modifiées de la région périanale, également appelées glandes circumanales ou glandes hépatoïdes.

Les adénomes sont de loin les tumeurs périanales les plus fréquentes chez le chien mâle non castré et pour cause : leur développement serait testostérone-dépendant. Comprenez que la croissance de la tumeur est stimulée par l’hormone « mâle » que constitue la testostérone et freinée par les hormones « femelles » que sont les œstrogènes. Chez les femelles, ce type de tumeur est plus rare mais peut néanmoins se développer mais préférentiellement chez les femelles stérilisées qui ont subi une ovariectomie. Le retrait de leurs ovaires produit ainsi un déficit en œstrogènes qui favorise le développement de l’adénome.

L’âge moyen d’apparition de cette tumeur serait de 10 ans et certaines races pourraient être prédisposées à développer ces adénomes périanaux comme le Cocker Spaniel Anglais, le Cocker Spaniel Américain, le Beagle, le Bulldog ou bien encore le Samoyède.

Les adénomes périanaux ont généralement une vitesse de croissance lente. Ils se présentent sous forme d’une masse superficielle, unique ou multiple chez le mâle, souvent unique chez la femelle. Ils sont généralement bien circonscrits.

Les adénocarcinomes périanaux

Il existe malheureusement une « version cancéreuse » de l’adénome : il s’agit de l’adénocarcinome des glandes périanales. A l’inverse de l’adénome, le développement de ce type de tumeur ne semble pas influencé par les hormones du chien si bien que la tumeur touche indifféremment les mâles et les femelles.

Leur nature semble cependant différente selon le sexe du chien. Chez le mâle, elle se développe plus souvent à partir des glandes sébacées de la région périanale alors que chez la femelle, il s’agit plus fréquemment d’une tumeur des glandes sudorales apocrines.

Ce sont généralement des tumeurs très agressives et qui ont la particularité de métastaser très vite aux ganglions lymphatiques de la région sous-lombaire, à la rate et aux poumons. Elles sont généralement de plus grande taille que les adénomes, avec une consistance plutôt ferme et sont parfois ulcérées.

Elles peuvent également entraîner l’apparition d’un syndrome paranéoplasique caractérisé par une augmentation du taux de calcium dans le sang (hypercalcémie).

Bien que ce type de tumeur puisse toucher tous les chiens, on connaît certaines races de chiens prédisposées génétiquement à cette affection à l’instar du Berger Allemand ou du Cocker Spaniel Anglais.

Comment reconnaître les tumeurs périanales du chien ?

Peut on distinguer une tumeur périanale bénigne d’une tumeur périanale cancéreuse à la simple observation de son aspect ?  Hélas, non. Même pour l’œil averti d’un vétérinaire, il est impossible de distinguer un adénome d’un adénocarcinome sans en passer par un examen histopathologique.

Pour ce faire, le vétérinaire va au préalable ponctionner quelques cellules au sein de la tumeur à l’aide d’une aiguille fine ou réaliser une biopsie afin de les envoyer dans un laboratoire pour analyse.

Cela dit, comme le traitement consiste en l’exérèse de la tumeur, qu’elle soit bénigne ou maligne, il arrive que l’examen histopathologique ne se fasse qu’à partir des tissus enlevés chirurgicalement par le vétérinaire et que le diagnostic définitif ne parvienne qu’après l’opération du chien.

S’il apparaît que la tumeur est cancéreuse ou en cas de suspicion de cancer, le vétérinaire pourra avoir recours à des examens d’imagerie complémentaires pour rechercher la présence de métastases dans l’abdomen dans le cadre d’un bilan d’extension du cancer.

Tumeurs périanales du chien : quels traitement et pronostic ?

Le traitement et le pronostic des adénomes périanaux

Le traitement de choix de l’adénome périanal du chien est un traitement chirurgical. Il consiste en une exérèse (un retrait chirurgical) du tissu tumoral. Des techniques de cryothérapie peuvent également être utilisées.

Chez le chien mâle, cette exérèse est complétée d’une castration chirurgicale. Elle permet de faire tomber le taux de « testostérone » qui entretenait le développement de la tumeur.

Le pronostic des chiens opérés d’un adénome est généralement excellent.

Le traitement et le pronostic des adénomes périanaux

Si la tumeur est opérable, le traitement d’une tumeur cancéreuse repose essentiellement sur un traitement chirurgical qui consiste là aussi à retirer largement les tissus cancéreux et, en cas de présence de métastases sur les nœuds lymphatiques de la région périanale, de les enlever également.

Selon les cas, le traitement chirurgical pourra être complété par des séances de radiothérapie.

Des essais cliniques pour des traitements médicamenteux pour les formes non opérables sont actuellement à l’essai.

Le pronostic d’un chien atteint d’un adénocarcinome périanal dépend du stade et de la taille de la tumeur au moment de sa prise en charge. Si la présence de métastases est détectée, le pronostic sera plutôt réservé.




Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.