Les tumeurs mammaires chez la chienne

Les tumeurs mammaires de la chienne
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Quelles sont les différents types de tumeurs mammaires chez la chienne ? Comment sont-elles diagnostiquées et comment se soignent-elles ?

Les tumeurs mammaires, des tumeurs fréquentes chez la chienne

Une tumeur mammaire est une masse qui se situe au niveau d'une mamelle. Cette masse est constituée de cellules qui se multiplient de manière incontrôlée.

Les tumeurs mammaires sont les tumeurs font partie des tumeurs les plus fréquemment rencontrées chez la chienne. Elles touchent surtout les femelles non stérilisées (1 sur 4 en moyenne), généralement entre leurs 8 et 12 ans. Le fait que ces tumeurs touchent préférentiellement les femelles s’explique par le fait que leur apparition est hormonodépendante dans la plupart des cas, c’est-à-dire qu’elle est influencée par les hormones sexuelles sécrétées par la chienne (œstrogènes et progestérone).

Les mâles peuvent-ils avoir de tumeurs mammaires ?

Oui ! Les tumeurs mammaires ne sont pas l’apanage des femelles même si l’apparition de telles tumeurs chez le mâle est très rare (0,5 à 2% des cas). Les tumeurs mammaires concerneraient davantage les mâles qui présentent également une tumeur testiculaire, en raison de la sécrétion d’œstrogènes que cette tumeur induit.

Chez la chienne comme chez le mâle, les tumeurs mammaires peuvent être bénignes ou malignes (cancéreuses).

Les tumeurs mammaires cancéreuses

Chez la chienne, 50% des tumeurs mammaires sont cancéreuses. Ce sont donc des tumeurs qui ont tendance à grossir localement de façon agressive et à métastaser vers des organes à distance. Ainsi, les tumeurs mammaires malignes métastasent préférentiellement dans les poumons, les nœuds lymphatiques, la peau sous forme de carcinose cutanée, le cerveau, le foie, le rein et les os.

Les tumeurs mammaires cancéreuses peuvent se développer à partir de différents types de cellules. Ainsi, on distingue les tumeurs mammaires de type carcinome, d’origine épithéliale, et les tumeurs mammaires de type sarcome, moins répandus. Le type de tumeur ne peut être connu qu’après une analyse des tissus atteints après une exérèse chirurgicale ou une cytoponction de la masse. Il permet surtout au vétérinaire de déterminer les risques d’évolution de la maladie.

Zoom sur le carcinome inflammatoire

Le carcinome inflammatoire ou carcinomatose mammaire est une forme particulière de tumeur mammaire. Ce type de tumeur progresse très rapidement et produit beaucoup de métastases dans les ganglions et les poumons.

Les tumeurs mammaires bénignes

Les tumeurs mammaires chez la chienne peuvent également être bénignes et n’évoluer que de manière locale. Ainsi, au niveau des mamelles, on peut notamment avoir affaire à :

  • un adénome (tumeur bénigne qui se développe sur la glande mammaire),
  • un papillome (qu’on appelle également plus communément une verrue),
  • un fibroadénome (petite masse bénigne de tissus fibreux et glandulaire qui se développe dans la mamelle).

Attention !

Bien que les tumeurs bénignes soient généralement petites, bien délimitées et plutôt dures à la palpation, il est impossible de distinguer une tumeur bénigne et un cancer aux seules observations et palpations de la tumeur. Pour ce faire, il faut nécessairement faire passer à la chienne des examens plus poussés.

Tumeurs mammaires chez la chienne : les symptômes

Mamelles de la chienne

Les tumeurs mammaires se manifeste par la présence d’un ou plusieurs nodules ou masses palpables au niveau des mamelles de la chienne. Ces tumeurs peuvent être de toutes tailles et de textures variables. Dans 60% des cas, les tumeurs mammaires sont multiples. Ce sont le plus souvent les mamelles M4 et M5 qui sont touchées bien que toutes les mamelles puissent être le siège de tumeurs.

Zoom sur les mamelles de la chienne

Les chiens possèdent 5 paires de mamelles :

  • les mamelles thoraciques crâniales (M1) et caudales (M2),
  • les mamelles abdominales crâniales (M3) et caudales (M4),
  • les mamelles inguinales (M5).

Le plus souvent, la présence de tumeurs mammaires en début d'évolution n’a aucune répercussion sur l’état général de la chienne mais il arrive que la chienne développe d’autres symptômes liés à la nature de la tumeur, bénigne ou cancéreuse, de son stade et de la présence éventuelle de métastases et de leur localisation.

Ainsi, la chienne pourra présenter :

  • des difficultés respiratoires (dyspnée), une intolérance à l’effort, des râles respiratoires ou un bleuissement des muqueuses (cyanose) en cas de métastases pulmonaires
  • une rougeur en plaque de la peau (érythème) et des lésions ulcératives en cas de dissémination métastatique de la tumeur au sein du réseau lymphatique de la peau. On parle alors de carcinomatose (ou carcinose) cutanée,
  • un gonflement des ganglions lymphatiques,
  • des troubles neurologiques en cas de métastases ayant atteint le cerveau,
  • une augmentation de volume du foie et du rein en cas de la présence de métastases au sein de ces organes.

Les symptômes particuliers du carcinome inflammatoire

Le carcinome inflammatoire se présente typiquement comme un gonflement très douloureux et rouge de la ou des mamelles et des membres de la chienne. Il s’accompagne d’une dégradation de l’état général de la chienne.

Le diagnostic d’une tumeur mammaire chez la chienne

Face à la présence d’une ou plusieurs tumeurs mammaires chez la chienne, le vétérinaire va réaliser un bilan d’extension. Ce bilan vise à classer la tumeur selon le système TNM. Dans ce système, la lettre T fait référence à la taille de la tumeur primaire, la lettre N à l’atteinte éventuelle de ganglions lymphatiques et la lettre M à la présence éventuelle de métastases. Cette classification clinique a pour objectif de déterminer à quel stade se trouve la ou les tumeurs.

Pour réaliser ce bilan, le vétérinaire va s’appuyer sur :

  • un examen clinique de la chienne au cours duquel il va observer l’aspect des tumeurs, en apprécier la taille et fait qu’elles soient ou non fixée à la peau ou aux muscles par palpation. Le vétérinaire s’attachera également à palper les ganglions accessibles. S’il détecte des ganglions gonflés alors il pourra pratiquer une cytoponction de ces ganglions.
  • des radiographies thoraciques pour rechercher la présence éventuelle de métastases dans les poumons ou dans les ganglions,
  • une échographie abdominale pour détecter la présence d’éventuelles métastases dans les ganglions abdominaux.

Pour déterminer le type tumoral, le vétérinaire peut faire le choix de réaliser une cytoponction à l’aiguille fine de la tumeur mammaire avant de pratiquer l’intervention chirurgicale. Ce geste permet de ponctionner quelques cellules au sein de la tumeur afin d’en observer l’aspect au microscope directement à la clinique ou de les envoyer à un laboratoire spécialisé. Il est surtout pratiqué quand la tumeur est étendue, difficilement opérable ou lorsque l’anesthésie générale de l’animal n’est pas envisageable sans lui faire courir un risque élevé.

Mais, le plus souvent, la tumeur est retirée chirurgicalement et est envoyée en intégralité dans un laboratoire spécialisé pour qu’il en fasse une analyse histologique complète. La détermination du type de tumeur ne se fait donc souvent qu’après le premier traitement chirurgical.

Tumeur mammaire chez la chienne : quels traitements ?

Pour toutes les tumeurs mammaires de la chienne, le traitement de choix est le retrait chirurgical de la tumeur voire le retrait d’une ou plusieurs mamelles. Ainsi, le chirurgien peut :

  • ne retirer que la tumeur s’il n’y en n’a qu’une, qu’elle mesure moins de 0,5cm et qu’elle n’est pas accompagnée pas de ganglions gonflés,
  • retirer uniquement la mamelle concernée par la tumeur si celle-ci mesure moins d’1cm et que les ganglions de la chienne ne sont pas gonflés,
  • pratiquer une mammectomie régionale qui consiste non seulement à retirer la mamelle affectée mais aussi les autres mamelles du côté concerné liées par le même réseau lymphatique. Par exemple, si la tumeur est localisée sur M4 et/ou M5 alors le chirurgien pourra retirer les mamelles M3, M4 et M5 ainsi que le ganglion de l’aine.
  • pratiquer une mastectomie totale si les tumeurs sont multiples et de grande taille. Cette opération consiste alors à retirer l’ensemble du tissu mammaire. Elle est généralement pratiquée en deux fois à un mois d’intervalle entre les deux interventions.

Quand la chirurgie n’est pas indiquée…

Il arrive malheureusement dans certains cas que le traitement chirurgical ne soit pas envisageable. C’est notamment le cas quand l’animal présente :

  • des métastases pulmonaires. On ne réserve la chirurgie que si les tumeurs mammaires sont très volumineuses et/ou ulcérées non dans un but curatif mais seulement pour préserver au maximum le confort de l’animal.
  • une carcinomatose cutanée, c’est à dire la présence de métastases cutanées autour de la tumeur prenant la forme d’une plaque érythémateuse. Elle contre-indique la chirurgie car elle empêche la cicatrisation des tissus.

Une thérapie adjuvante a la chirurgie peut parfois être envisagée sous forme de :

  • chimiothérapie si la tumeur à tendance à fortement métastaser,
  • radiothérapie si le chirurgien n’est pas parvenu à retirer l’intégralité du tissu tumoral.

Le pronostic dépend bien évidemment de la nature de la tumeur traitée et de la précocité de la prise en charge. Il est généralement très bon dans le cas des tumeurs bénignes mais beaucoup plus sombre en cas de tumeur maligne. Statistiquement, seules 50 % des chiennes atteintes d'un cancer survivent dans les 4 à 8 mois qui suivent leur traitement.

La prévention des tumeurs mammaires chez la chienne

La stérilisation précoce des chiennes par ovariectomie (retrait des ovaires) permet de réduire les risques de développer des tumeurs mammaires. Ainsi, chez les chiennes qui subissent une stérilisation avant leurs premières chaleurs, le risque de développer une tumeur mammaire tombe à 0,5%. Quand la stérilisation est réalisée après leur premier cycle, le risque est de 8% et après deux cycles, il remonte à 26%. Quand la stérilisation est réalisée après le deuxième cycle de la chienne, elle n’a plus aucun impact sur la diminution du risque de développer des tumeurs mammaires (elle a en revanche toujours un intérêt sur la prévention du pyomètre).

Les injections de progestatifs (équivalent des « pilules contraceptives » pour chien), utilisés pour contrôler les chaleurs de la chienne, ont tendance a augmenter le risque de survenues des tumeurs mammaires.




Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.