Les tumeurs testiculaires chez le chien

Les tumeurs testiculaires du chien
©Pixabay

Qu’est-ce qu’une tumeur testiculaire chez le chien ? Comment sont-elles diagnostiquées ? Quels sont les signes associés à la présence d’une tumeur du testicule chez le chien ? Comment se traitent-elles ?

Les différents types de tumeurs des testicules chez le chien

Les tumeurs testiculaires sont des tumeurs fréquentes chez le chien mâle. Chez ce dernier, elles sont même les tumeurs les plus fréquentes après les tumeurs de la peau. Ces tumeurs sont bénignes, le plus souvent mais parfois elles peuvent être cancéreuses

Il existe principalement 4 types de tumeurs testiculaires chez le chien :

  • les sertolinomes,
  • les leydigomes,
  • les séminomes,
  • les tumeurs mixtes.

Les sertolinomes

Les sertolinomes sont des tumeurs testiculaires qui touchent les cellules de Sertoli. Ces cellules constituent la paroi des tubes séminifères du testicule chez le chien et possèdent notamment des fonctions sécrétoires endocrines. En d’autres termes, elles sont responsables de la sécrétion d’hormones et d’autres éléments qui régulent la spermatogénèse, c’est-à-dire la fabrication et la maturation des spermatozoïdes.

Les sertolinomes représentent 34% des tumeurs testiculaires chez le chien mais 86 à 90% d’entre eux sont bénins. Leur apparition est favorisée par l’ectopie testiculaire, c’est-à-dire la présence d’un ou deux testicules « au mauvais endroit », qui ne sont pas descendus dans les bourses du chien mais qui sont restés dans son abdomen.

Lorsqu’ils sont cancéreux, les sertolinomes ont tendance à former des métastases dans les nœuds lymphatiques de la région lombaire.

Les leydigomes

Les leydigomes sont des tumeurs testiculaires qui prennent naissance au niveau des cellules de Leydig. Il s’agit de cellules interstitielles du testicule responsables de la sécrétion de testostérone, l’hormone sexuelle du chien mâle dont le rôle est indispensable à la production des spermatozoïdes.

Les leydigomes sont bénins dans la grande majorité des cas et représentent 27% des cas de tumeurs testiculaires.

Les séminomes

Les séminomes sont également appelés les tumeurs des cellules germinales c’est-à-dire les cellules qui sont à l’origine des gamètes mâles : les spermatozoïdes. Comme pour les sertolinomes, ce type de tumeur est plus fréquent chez les animaux dont le ou les testicules ne sont pas bien descendus dans les bourses du chien.

Représentant 31% des tumeurs testiculaires, les séminomes ne sont cancéreux que dans 6 à 10% des cas.

Les tumeurs mixtes

Les tumeurs testiculaires peuvent également être mixtes. Cela signifie que plusieurs types de cellules peuvent être le siège d’un développement anarchique au sein d’un même testicule.

Tumeurs testiculaires du chien : les symptômes

Quelque soit le type de cellules testiculaires à l’origine de la tumeur, il existe des symptômes communs à l’ensemble des tumeurs testiculaires du chien comme l’hypertrophie testiculaire, c’est-à-dire l’augmentation de la taille du testicule où siège la tumeur. Cependant, ce symptôme n’est pas présent systématiquement. On estime en effet que seulement 50% des sertolinomes et 25% des séminomes s’accompagnent d’une hypertrophie du testicule concerné. Certaines tumeurs testiculaires sont asymptomatiques et ne sont découvertes que de façon fortuite au cours d’un examen clinique chez le vétérinaire, lors d’une palpation des testicules du chien.

A savoir !

Chez un chien dont le ou les testicules ne sont pas descendus, la tumeur peut se manifester par la présence d’une masse abdominale.

En parallèle, il arrive que le second testicule, celui qui n’est pas concerné par la tumeur, s’atrophie (diminue de taille) et/ou se ramollisse en raison des hormones sécrétées par les cellules tumorales.

Lorsque la tumeur testiculaire est un sertolinome, on peut également observer des symptômes paranéoplasiques, pouvant se caractériser par :

  • un « syndrome de féminisation ». Ce syndrome est lié à la sécrétion anormale d’œstrogènes, des hormones sexuelles femelles, par les cellules tumorales. Ce syndrome est à l’origine d’un hyperoestrogénisme responsable d'un gonflement des glandes mammaires (gynécomastie) ainsi qu’une atrophie du ou des testicules et du pénis qui donnent un aspect ratatiné aux bourses et donnent l’impression que le fourreau du chien « pendouille ».
  • d’une perte de qualité du poil qui devient plus sec et plus cassant suivi d’une perte de poil progressive qui débute par la région du périnée pour s’étendre au dos, à l’abdomen et aux flancs de l’animal de manière symétrique,
  • l’apparition d’une hyperpigmentation de la peau,
  • une augmentation de volume de la prostate,
  • une anémie liée à une aplasie médullaire, c’est-à-dire une insuffisance de production de cellules sanguines par la moelle osseuse.

Les leydigomes s’accompagnent parfois de l’apparition de lésions des sacs anaux voire d’un adénome, une tumeur de ces glandes périanales.

Bien évidemment, tous les types de tumeurs testiculaires sont susceptibles d’entraîner une diminution de la qualité de la semence du chien, ce qui signifie également une baisse de sa fertilité.

Tumeurs testiculaires du chien : les facteurs de risque

Il existe plusieurs facteurs de risque qui sont susceptibles d’influencer l’apparition de tumeurs testiculaires parmi :

L’âge du chien

Si les tumeurs testiculaires peuvent concerner les chiens de tout âge, elles sont tout de même beaucoup plus observées chez les chiens âgés de 10 à 11 ans en moyenne.

L’ectopie testiculaire

Les chiens qui présentent une ectopie testiculaire – c’est-à-dire un ou deux testicules restés en position abdominale ou inguinale – sont également plus à risque de développer une tumeur testiculaire et en particulier des sertolinomes et des séminomes.

La race du chien

Certaines races de chien semblent prédisposées au développement de tumeurs testiculaires. C’est notamment le cas du Boxer, du Colley à poil long, du Braque de Weimar, du Cairn Terrier, du Pékinois ou bien encore du Fox Terrier.

Comment une tumeur testiculaire chez le chien est-elle diagnostiquée ?

Le diagnostic de la présence d’une tumeur testiculaire se fait le plus souvent au cours d’un examen clinique par le vétérinaire. Sa présence peut également être confirmée par une échographie testiculaire qui permet en plus d’en observer l’aspect et la taille. Si le vétérinaire soupçonne le développement d’une tumeur sur un testicule ectopique, resté dans la cavité abdominale du chien, il pourra également avoir recours à une échographie abdominale pour le confirmer. Ce dernier examen peut également être nécessaire pour observer l’aspect de la prostate du chien.

Pour déterminer la nature de la tumeur, le vétérinaire peut aller directement ponctionner quelques cellules au sein de la tumeur pour en faire une analyse cytologique et/ou attendre l’analyse histopathologique réalisée sur l’ensemble de la tumeur après la castration chirurgicale du chien.

Lorsque la tumeur est maligne, l’échographie abdominale permet également au vétérinaire de réaliser un bilan d’extension c’est-à-dire de déterminer si la tumeur s’est métastasée et si c’est le cas, de savoir où sont localisées ces métastases à distance de la tumeur primaire. Pour ce type de tumeurs, les métastases sont cependant assez rares.

Le vétérinaire peut aussi être amené à réaliser des examens complémentaires comme une analyse sanguine pour déterminer si le chien souffre d’aplasie médullaire. Les dosages hormonaux sanguins ne sont en revanche pas beaucoup d’intérêt dans le diagnostic d’une tumeur testiculaire.

Traitement et pronostic des tumeurs testiculaires chez le chien

Le traitement des tumeurs testiculaires chez le chien est essentiellement chirurgical.

Il consiste tout simplement à retirer les deux testicules du chien, autrement dit à le castrer.

Lorsque le propriétaire du chien souhaite encore faire reproduire son chien, le chirurgien peut ne retirer que le testicule porteur de la tumeur. On parle alors d’hémi-castration chirurgicale. Ce type d’intervention est cependant soumise à plusieurs conditions. Il faut bien évidemment que le bilan d’extension soit négatif et que le second testicule ne soit pas porteur d’une tumeur encore trop petite pour être visible ou seulement palpée. Le vétérinaire doit procéder alors à des examens d’imagerie sur le testicule supposé sain pour s’en assurer.

Lorsque le chien ne présente pas de métastases, les symptômes paranéoplasiques dont ceux qui sont associés au syndrome de féminisation disparaissent dans plus de 60% en moins d’un mois, dans 25% des cas en 1 à 2 mois et dans 12% des cas en plus de 2 mois.

Lorsque le bilan d’extension montre des métastases, une chimiothérapie peut parfois être envisagée.

Généralement, le pronostic des tumeurs testiculaires du chien est plutôt bon après la castration du chien et cela, qu’elles soient bénignes ou malignes à condition qu’elles soient non métastasées et si le chien ne présente pas d’aplasie médullaire. Dans le cas inverse, le pronostic est beaucoup plus réservé.




Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.