Rencontre avec Yaely, deux éducatrices comportementalistes canins en Lorraine

Publié le
Aurélie et Morgane de Yaely
©compte Facebook de Yaely

A l’occasion de la journée porte ouverte de leur centre qui s’est déroulée le 3 juin 2018, l’équipe de toutoupourlechien.com a rencontré les deux fondatrices de Yaely, Morgane Thomas et Audrey Frézé. Ces deux jeunes éducatrices-comportementalistes canins, fraîchement décorées du trophée lorrain de l’entreprenariat au féminin, fourmillent de bonnes idées pour le bien-être des chiens. C’est Audrey qui nous a fait le plaisir de répondre à nos questions…

Toutoupourlechien.com : Pouvez-vous nous présenter Yaely ?

Audrey Frézé : Chez Yaely, nous sommes spécialisées dans l’éducation et le comportement canin. Notre société a été créée en 2016 par Morgane Thomas et moi-même, Audrey Frézé. On est toutes les deux éducatrices et comportementalistes canins depuis 2012. On avait chacune créé nos entreprises respectives dans lesquelles on exerçait notre métier principalement à domicile et nous avons souhaité nous associer en 2016 parce que nous avions une approche commune du chien et les mêmes envies. On a donc ouvert notre société Yaely, implantée dans le parc de la forêt de Haye (à Velaine-en-Haye, en Meurthe et Moselle (54) – ndlr).

TTPLC : Pourquoi un propriétaire de chien peut-il faire appel à vous ?

AF : Les propriétaires viennent nous voir pour deux raisons principales.

A titre préventif d’abord, quand ils veulent démarrer sur de bonnes bases avec leur chien pour ce qui est de l’éducation de manière générale, de la gestion du chien au quotidien. En préventif, on peut également travailler sur l’arrivée d’un enfant. De plus en plus de personnes nous appellent quand Madame tombe enceinte pour s’assurer que la relation est saine et que le chien ne risque pas de développer des problèmes de comportement à l’arrivée d’un enfant. Ils nous appellent aussi à l’accueil d’un nouvel animal à la maison, à l’arrivée d’un second chien ou d’un chat ou parfois dans le cadre d’un changement de vie, d’un déménagement ou autre pour s’assurer que le chien va bien vivre le changement.

Ensuite, les propriétaires nous appellent également quand il y a des difficultés : lorsque les gens ont un chien qui ne revient pas au rappel, qui tire en laisse, qui n’écoute rien ou pour tous les problèmes de comportement du chien, que ce soit de l’agressivité envers l’Humain ou les congénères, les problèmes de destruction, de malpropreté, d’aboiements... Dans les comportements gênants fréquents que l’on voit souvent aussi, c’est aussi les chiens qui se déclenchent sur les voitures. Les Bergers sont des chiens très à la mode et on voit souvent ce problème sur les Bergers Australiens ou les Border Collie qui se mettent à se jeter sur les voitures. Tous les comportements gênants auxquels les propriétaires de chien sont confrontés au quotidien peuvent faire l’objet d’une prise de contact.

On propose aussi une prise en charge assez spécifique pour les chiens dits réactifs : ce sont les chiens en laisse qui réagissent fortement aux congénères et parfois même à la vue d’un humain. C’est un problème fréquent et qui, malheureusement, isole considérablement les propriétaires. On dit souvent que le chien est un vecteur de lien social mais dès que le chien en laisse devient complètement incontrôlable, c’est l’inverse : cela isole les propriétaires. On en a qui sont contraints de promener leur chien à 23h quand ils sont sûrs de ne croiser personne ! Pour ces chiens-là, on propose une prise en charge spécifique. On commence par un entretien à domicile, on fait trois séances d’éducation individuelles et on les intègre ensuite dans des cours collectifs dédiés aux chiens réactifs. Là, tous les chiens sont en laisse et on travaille à grande distance pour faire un véritable travail de désensibilisation. On travaille avec au maximum 5 chiens, à deux éducatrices. Le but étant d’apprendre aux chiens qui ont ces difficultés à croiser leurs congénères tout en gérant leurs émotions pour pouvoir retrouver un quotidien confortable et sécurisant.

TTPLC : Les propriétaires de chien sont ils plus nombreux à vous appeler à titre préventif ou plus régler un problème de comportement déjà installé ?

AF : Je dirais que c’est 50-50. On a beaucoup de personnes qui nous appellent à l’arrivée d’un chiot ou dans le cadre d’une adoption d’un chien de refuge. On a aussi des personnes qui démarrent par elles-mêmes et qui sont ensuite confrontées à des difficultés.

L’âge moyen des chiens pour lesquels on nous contacte correspond à leur période de puberté, entre 8 et 12 mois. C’est souvent là que les comportements deviennent gênants si le chien n’a pas été correctement géré dès le départ et si les propriétaires n’avaient pas de bonnes bases.

TTPLC : Mais alors, est-ce que cela signifie qu’on ne peut plus rien faire pour un chien au-delà de sa puberté ou peut-on éduquer un chien a tout âge ?

AF : On peut éduquer un chien à tout âge. Après, c’est un peu comme chez l’Humain : quelqu’un qui passerait son permis à 60 ans sera peut-être un peu moins réactif qu’à 18. On peut donc tout à fait travailler avec un chien de n’importe quel âge mais il y a des comportements pour lesquels on ne va pas forcément aller « embêter » un chien âgé. Par exemple, si une personne vient nous voir avec un chien de 10 ans qui n’est pas sociable avec ses congénères et qui n’a pas envie d’avoir des contacts avec ses semblables et que son maître souhaite faire des balades en groupe pour que son chien ait « des copains », on va expliquer à cette personne que, d’un point du vue social, le caractère de son chien est forgé. Si le chien ne désire pas de contacts, ça ne vaudra pas le coup de le forcer dans ce cas particulier. On est vraiment dans le respect du chien et cela peut nous arriver de refuser certaines demandes ou d’expliquer aux propriétaires que leur demande n’est pas forcément judicieuse pour le bien-être de leur chien.

TTPLC : Proposez-vous également des activités canines ludiques en plus des cours d’éducation ?

AF : Oui mais je tiens à préciser que l’éducation canine chez nous est déjà très ludique. Que ce soit en cours individuel ou collectif, on met vraiment l’accent sur la motivation et le jeu. Il faut que le propriétaire et le chien prennent tous les deux du plaisir. Les cours collectifs se font dans un cadre où les chiens sont lâchés tous ensemble : forcément, c’est très ludique !  On peut aussi y intégrer des jeux comme les chaises musicales entre autres choses assez sympathiques.

Au-delà de cela, on propose aussi de l’agility-loisir, des sorties éducatives en groupe ou même des journées olympiades canines. Ce sont des journées à thème où on va faire des courses d’orientation, de la randonnée, des jeux ludiques…Le but, c’est que tout le monde s’amuse, le chien comme le maître.

TTPLC : Vous proposez donc de l’agility. En quoi cette activité est-elle intéressante pour le chien ?

AF : Cette activité a deux intérêts principaux. Cela peut permettre de canaliser le chien. On a des chiens qui sont débordants d’énergie et qui partent dans tous les sens. L’agility peut permettre de leur apprendre à se concentrer de façon dynamique. C’est le premier intérêt : apprendre à fixer son attention, le concentrer sur quelque chose même s’il est très excité.

Le deuxième intérêt, c’est pour la confiance en soi. On a des chiens qui sont parfois un peu timides ou qui ont des peurs. Comme chez l’Humain, la pratique d’une activité sportive peut lui redonner confiance. Chez le chien, travailler sur le franchissement d’obstacles et le dépassement de soi va l’aider d’un point de vue émotionnel à le faire évoluer positivement, à le rendre plus à l’aise en toutes circonstances.

TTPLC : L’agility est-elle praticable avec tous les types de chiens ?

AF : Chez nous, l’agility est une activité ouverte à toutes races et tout âge de chien. On est pas « spécialistes en agility » dans le sens où on ne propose que de l’agility-loisir et non pas de faire de la compétition. Par contre, il y a évidemment des règles de sécurité à respecter : il y a des obstacles qui ne peuvent pas être franchis par des chiens de moins de 6 mois. Il faut vraiment y aller au rythme du chien. Qu’il s’agisse d’un jeune chien ou d’un vieux chien, on ne va pas sur-solliciter ses articulations et y aller en douceur.

TTPLC : Vous proposez également un service de garderie éducative pour chien ? En quoi cela consiste ?

AF : On a ouvert une nouvelle activité au mois de septembre 2017 : la garderie éducative. Ce n’est pas de la pension pour chien, il n’y a pas d’hébergement mais le but, c’est de proposer au chien une coupure dans la semaine. Le jeudi matin, les gens peuvent venir nous déposer leur chien entre 7h30 et 8h30 puis le récupérer entre 11h30 et 12h30. C’est vraiment un temps ludique, récréatif et social pour le chien. Pour ceux qui ne voient pas suffisamment de congénères ou qui ne peuvent pas évoluer en liberté, cela leur permet d’avoir un temps pour se défouler physiquement, avoir des contacts sociaux et de parfaire un peu leur éducation. Pendant le temps de la garderie, on va aussi les faire un peu travailler sans se substituer pour autant au propriétaire.

On n’accueille en revanche que les chiens sociables et on se réserve le droit de faire un test. On ne lâche jamais un chien dans un grand groupe mais on va y aller de façon progressive. Si on juge que c’est positif pour le chien, on continue mais chez certains chiens qui ont beaucoup trop peur de leurs congénères, on va évaluer le bénéfice-risque sur l’évolution sociale du chien.

Pour en savoir plus sur Yaely, rendez-vous sur sa page Facebook ou sur son site Internet : www.yaely.fr.




- Propos recueillis par Guylaine VANDEKERKHOVE -